Au regard des différentes formes éprouvées de menaces qui pèsent sur le front social, alors qu'ont été à maintes fois organisées des "tripartites" et des bipartites, peut-on dire qu'il ne faudrait imputer la permanence du mécontentement qu'aux insuffisances, ou plutôt à la faiblesse du dialogue social ? Lorsqu'il est invoqué l'argument du lien des augmentations salariales à la productivité hors hydrocarbures, la question se pose de savoir pourquoi il n'y a pas de productivité suffisante hors de ce secteur. Une autre question devrait également se poser et certainement qu'il existe un lien avec la condition posée pour des revalorisations salariales. Dès lors qu'on avait cassé le monopole sur le marché extérieur pour transférer cette mission étatique plutôt à des hommes d'affaires qu'aux entreprises privées qui investissent dans la production, dès lors que cette décision a favorisé l'enrichissement sans transfert de technologie qu'implique la nature des importations concernées, une concurrence entre importateurs et non entre producteurs, dès lors qu'ainsi est créée une classe d'opérateurs économiques, ou plutôt d'"opérateurs commerciaux" et dès lors qu'ainsi est indiquée la voie la meilleure pour un enrichissement facile, rapide et sans risque, il est normal qu'il ne faudrait pas s'attendre à une productivité pouvant soutenir les augmentations salariales. Casser le monopole sur le commerce extérieur ne s'est pas fait en faveur du secteur de la production, et ceux qui en ont été les acteurs agissent plus en hommes d'affaires qu'en " industriels ". L'impression qui en a découlé est que les décideurs avaient choisi qui rendre riches par les autorisations d'importation. Quelqu'un disait qu'il ne sera jamais celui qui "va promettre de redistribuer ce qui n'a pas été produit". Il avait pourtant distribué du pouvoir d'achat avant de commencer à produire, pensant qu'ainsi cette masse d'argent relancera l'économie par la relance de la consommation. Mais, cette distribution de pouvoir d'achat a financé surtout les plans de charge des entreprises étrangères, relançant ainsi les économies nos fournisseurs étrangers. Moins cinq, comme on l'habitude de le dire, et on aurait vu les populations des pays fournisseurs manifester pour que nos gouvernants distribuent encore du pouvoir d'achat pour fournir des plans de charge à leurs entreprises et non aux nôtres. Pour ce qui nous concerne, certes la question peut se poser de savoir pourquoi ne serait-ce pas possible de doper nos exportations à l'étranger, alors qu'en réalité c'est une autre question qui devrait se poser. Pourquoi ne pas fournir des plans de charge à nos entreprises, et orienter cette augmentation du pouvoir d'achat vers la production nationale ? Mais la production nationale devrait, au préalable, être plus avantageuse en termes de "qualité-prix" que les produits d'importation, ce qui n'est pas le cas et qui ne sera peut être jamais le cas.