Le président brésilien, Luiz Inacio « Lula » da Silva, est arrivé au pouvoir dans un Brésil laminé par un modèle libéral qui a entraîné des conséquences sociales désastreuses. Pour la première fois, l'immense Brésil - 170 millions d'habitants, dixième puissance industrielle du monde - sera gouverné par un leader issu de la gauche radicale qui rejette la mondialisation libérale. Visiblement, le remède « Lula » semble avoir porté ses fruits. La reprise économique du Brésil est, d'après une analyse de l'OCDE, bien engagée. Après quelques années de croissance médiocre, le PIB a ainsi augmenté plus fortement que prévu, à un rythme supérieur à 5% en 2004, soit le taux le plus élevé des dix dernières années. Le nouveau gouvernement, entré en fonctions en janvier 2003, a largement réussi à rétablir la confiance ébranlée dans les mois précédant l'élection présidentielle. Depuis cette date, la demande intérieure s'est accélérée, les consommateurs et les entreprises se montrent plus optimistes et l'investissement privé se redresse. « Les perspectives économiques sont prometteuses, les conditions d'une croissance durable étant globalement réunies. Et si l'assainissement budgétaire a été difficile, il commence à porter ses fruits », estiment les observateurs de l'OCDE. L'un des faits les plus impressionnants depuis l'arrivée du président Lula au pouvoirest le remboursement de la dette au Fonds monétaire international (FMI) avec deux ans d'avance. « Nous n'avons plus de comptes à rendre au FMI. A présent, c'est lui qui doit nous en rendre, car nous ne sommes plus débiteurs mais des membres souverains "de cette instance financière internationale” », a-t-il affirmé récemment dans un sursaut nationaliste. L'équilibre financier de l'économie brésilienne est assuré par les investissements étrangers (20 milliards de dollars par an, mais une baisse à 9 milliards en 2003 suivie d'une forte reprise en 2004) et par le commerce extérieur qui « tire » la croissance depuis 2001. Les exportations ont fortement augmenté ces derniers temps, ce qui a permis de porter l'excédent commercial à 24,8 milliards de dollars en 2003 et 33 milliards en 2004. Pour l'année 2006, le président Lula promet un Brésil plus « productif et solidaire ». « En trente-six mois de gouvernement, nous avons fait tout ce qui était nécessaire pour consolider la stabilité économique », a-t-il déclaré. Et d'enchaîner : « Le moment est venu de faire un nouveau pas en avant, d'unir définitivement le productif et le social afin d'élargir les programmes sociaux et de prendre des mesures de stimulation du secteur productif et du développement économique. » Dans le Brésil de Lula, tout n'est pourtant pas aussi rose. Une tache persiste : le président et ses plus proches collaborateurs font face à un grand scandale de corruption (une sombre affaire d'achat de votes de députés par le Parti des travailleurs). Sa réélection en octobre prochain semble, de ce fait, compromise. Les derniers sondages le disent perdant devant le maire social-démocrate de Sao Paulo José Serra (opposition).