Que pouvons-nous retenir de l'année 2009 qui s'achéve sans annonce spéciale pour l'aréne culturelle à venir ? Les algériens retiendront certainement le grandiose rendez-vous de l'année : le Panaf 2009, qui, selon les dires de ceux qui ont vécu celui de 69, n'avait pas le même impact. Mais c'était un autre contexte, celui des décolonisations, de la farternité entre les peuples d'Afrique et des idées alors emryonaires d'un continent uni çà et solide. Au panaf, il y a eu certes des milliers de rendez-vous de tous genres, mais ce n'était rien que de l'animation, importante certes pour redécouvrir les couleurs africaines, mais malheuruesment périssable. Voyons cette fête sous une petite loupe chiffrée. Le panaf 2009 a duré 16 jours (du 04 au 20 juillet), son budget était de 80 millions de DA, il a mobilisé toute la presse nationale, qui n'a cessé de rapporter des comptes-rendus mielleux en justifiant la tenue de ce festival par le retour triomphant de l'Algérie sur l'arène continentale. Hormis Ennahda, le parti islamiste, qui s'est exprimé trop tard sur l'évènement, disant que tout cet argent investi dans le Panaf pouvait servir à construire 40.000 logements et 150 écoles, les autres organismes ont été radicalement favorable à la tenue de ce rendez-vous. "Nous n'avons pas pris l'argent du logement. Les algériens ont démontré à travers cette manifestation leur rejet de tous les intégrismes, de tous les fachos, leur envie de rire, de faire la fête " avait rétorqué la ministre de la culture, Khalida Toumi, sur les ondes de la chaîne III. Il fallait peut être à Ennahda s'exprimer bien avant que le PANAF soit lancé. Trop tard!Au total 51 pays dont l'Algérie bien sûr parmi les 53 existant en Afrique ont participé à cet événement qui avait mobilisé 30 scènes et lieux de spectacle algérois, 2300 musiciens et chanteurs, 2800 danseurs, 41 pièces de théâtre, 500 spectacles de musique, 9 expo d'art visuel, 5 expo patrimoniales, 8 conférences, colloque, symposium.. Des hauts et des bas Durant cette fete, les centaines de festivités qui s'étaient déroulées et là dans la totalité des espaces culturels ainsi que dans les 27 contrées du pays, il n'y avait pas foule quand il s'agissait d'aller voir un film, une pièce de théâtre, une exposition plastique, une expo sur le patrimoine….la foule était là juste pour la musique, seulement la musique. Partout c'était plein quand il s'agissait de voir Ismaelô, Morée Conté ou encore Khaled, Faudel, Zahouinia, Bilal, les formations gnaouis. On sentait chez les jeunes surtout une envie de vivre, de se distraire de danser. Ils ne s'étaient pas privés d'ailleurs, eux qui veillaient tous les soirs jusqu'au petit matin pour ça. Les invités venus de l'Afrique, que nous avons pu rencontrer, notamment au salon de l'artisanat africain du palais de la culture ou à l'expo du patrimoine, des arts plastique au Pins maritimes, ne comprenaient pas souvent pourquoi le public ne venait pas. C'était peut-être à cause du transport. Mais ce transport, il le trouvait quand même quand il s'agissait d'aller voir un chanteur de renom. Alors pourquoi la plupart des algériens ne s'intéressent qu'à la musique? C'est peut-être parce que c'est plus vivant qu'une expo ou qu'un discours littéraire ou autre qui demandent d'abord à l'auditeur certaines clés du savoir ainsi qu'un minimum de concentration pour en sortir avec quelque chose. Il y'a donc un travail en profondeur qui devrait être menée principalement par les écoles afin d'habituer les jeunes à s'intéresser aux arts. Et puis, les arts chez nous c'est délicat, ils doivent obéir à un certain conformisme qui n'est en fait que le revers de l'art. N'avons-nous pas vu des œufs pourris, des pierres, jetés des balcons et des fenêtres à la figure d'un groupe africain dansant en tenue locale sur la scène de Draria ? Bizarrement, Lucy l'ancêtre de l'humanité, qu'on a fait venir du musée d'Addis Abbeba en Ethiopie au musé du bardo, a reçu des visites que les conservateurs du musée eux-mêmes. "Parfois nous recevions jusqu'à 200 visiteurs par jour alors qu'en temps normal à peine s'il y en a six. Du jamais vu ! " affirmait le caissier. Il est tout de même drôle que les algériens s'intéressent si fort à un squelette bien conservé et pas trop aux vivants qui font des choses. Sur le plan politique et selon la ministre de la culture, l'Algérie a prouvé qu'elle était non seulement capable d'organiser toute seule un évènement aussi grand, mais aussi et surtout a prouvé qu'elle était fréquentable. Longtemps défigurée par les médias occidentaux, l'image de l'Algérie s'est refaite des mains des africains. Selon Khalida Toumi le bilan du Panaf serait très positif si l'on considère que durant 16 jours, " les algériens étaient heureux." Mais que leur reste-t-il après le Panaf ? Parcequ'on était en plein dans ce qu'on appelle de l'activisme culturel, eh bien il ne restera rien. Ah si quand même, il y a eu le village des artistes de Zeralda, une structure moderne qui sera une nouvelle résidence des artistes, et une espèce de grand bâtiment où seront sans doute reçues d'autres délégations à l'occasion d'autres rendez-vous conjoncturels comme le Panaf. Le succés mémorable de Lucy Pour revenir au moment fort du Panaf, il faut savoir qu'hormis les nombreux rendez-vous lyriques organisés à Riadh El Feth et faits veiller jusqu'au matin des milliers de jeunes, il y a eu aussi Lucy, l'ancetre de l'humanité qui a fait déplacer d'autres miliers d'algériens habituellement réticent à aller voir un musée. L'évènement dans l'évènement du Panaf est donc la venue le 7 juillet dernier à Alger de cette star momifiée. Arrivée du musée d'Addis Abbeba en Ethiopie d'où elle n'est sortie qu'une seule fois pour aller aux Etats Unis, Lucy qui avait un espace aménagé pour elle toute celle au niveau du musée du Bardo avait suscité une telle curiosité qu'au bardo les habitudes administratives ont été bouleversées. C'est connu à Alger, les musée ferment les samedis parce que les week-end çà travaille. Et bien ce samedi-là, un monde fou avait fait le pied de grue pendant des heures au niveau de cette institution " fermé" et, devant l'insistance du public venu parfois de très loin (Kabylie, Annaba, Setif, Blida…) pour voir les ossements de cet australopithèques, l'administrateur a dû lâcher di lest pour ouvrir ses portiques. Une première d'après les dires des conservateurs du musée. Pas de photo à prendre dans la salle où il y avait Lucy qui avait selon les dires des fonctionaires une moyenne de 100 visites par jour. Du jamais vu ces dernières années où aucun évènement n'a fait autant de plein. Dans son lit transparent, on expliquait sur un écriteau tout blanc écrit en noir que Lucy, ou ce qu'il en reste, c'était 52 ossements représentant 40% du squelette de l'ancêtre de l'humanité qui avait 20 ans et qui date de 3.2 millions d'années. Sexe : féminin. Capacité crânienne estimée à 400 cm3, taille, 1 à 1.20m, poids 20 à 25 kg. Par Yasmine Ben