En annonçant samedi une dévaluation de sa monnaie, le gouvernement du Venezuela espère augmenter ses recettes grâce au pétrole. Hugo Chavez, le président vénézuelien, a annoncé samedi une dévaluation de la devise nationale, le bolivar. La dernière opération de ce genre remontait à mars 2005. Désormais, pour toutes les transactions considérées comme prioritaires par le gouvernement, le dollar s'échangera contre 2,60 bolivars, au lieu de 2,15. Pour les autres transactions, acquérir un dollar coûtera 4,3 bolivars. Ce taux de change "prioritaire" est celui qui prévaut pour les transactions pétrolières. C'est l'équivalent du taux de change du pétrodollar. Autrement dit, lorsqu'il vend par exemple un baril de pétrole à 80 dollars, le gouvernement vénézuélien encaisse désormais 208 bolivars, au lieu de 172. L'augmentation n'est pas anodine pour les finances publiques d'un pays dont les recettes budgétaires dépendent pour moitié du pétrole. Le ministre des Finances Ali Rodriguez estime qu'il faudra compter une inflation supplémentaire de 3 à 5% en 2010. M. Chavez a justifié cette mesure en expliquant que le gouvernement ferait bon usage des recettes pétrolières, et importerait au taux favorable des produits tels que nourriture, médicaments et fournitures scolaires. Le taux de change moins favorable concerne des produits qui ne sont pas considérés comme de première nécessité : automobiles, ordinateurs, terminaux de télécommunications, alcool, tabac. Il concerne aussi des produits comme les habits et les chaussures, importés en trop grande quantité, selon M. Chavez. "Nous avons importé 90 millions de paires de chaussures l'an dernier. Nous pouvons les fabriquer nous-mêmes!", a argumenté le chef de l'Etat dans une allocution télévisée. Selon lui, renchérir ces importations devrait permettre à une production nationale de prendre son essor. Après cinq ans de "pétro-croissance", l'économie vénézuelienne est en récession, et M. Chavez souhaiterait la voir se diversifier. Chavez estime que l'Etat doit jouer un rôle majeur dans la gestion de l'économie. Au pouvoir depuis onze ans, il a nationalisé la plus grande partie de l'industrie lourde. Les affaires et la finance sont strictement encadrés.