A l'occasion de la célébration du Nouvel an amazigh, un programme d'animation diversifié a été mis sur pied à Oran, dont les activités ont débuté jeudi à la Médiathèque, à l'initiative de l'association culturelle "Numidya". Les festivités ont démarré avec une exposition pluridisciplinaire dédiée, entre autres, à la poterie, à la joaillerie, à la tapisserie, à la peinture, aux produits alfatiers et à la robe traditionnelle. D'autres activités figurent au menu de ce programme culturel et artistique, prévues trois jours durant à la Médiathèque et dans d'autres établissements tels le Théâtre régional "Abdelkader Alloula" (TRO), le musée national "Ahmed Zabana" et la cinémathèque. Ces manifestations se proposent d'offrir un cadre de rencontre et d'échange autour de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel algérien, a souligné le président de l'association "Numidya", M. Saïd Zamouche. Le public oranais est convié dans ce contexte à un défilé de tenues traditionnelles, à un spectacle de chants, à une pièce théâtrale, à des visites de monuments historiques, à des projections de films en tamazight, et au partage d'un couscous préparé à l'ancienne selon une recette spécial "Yennayer". Les racines de la tradition Yennayer s'étendent, contrairement aux idées reçues, à l'ensemble des pays de l'Afrique du Nord, a indiqué M. Zamouche pour mettre l'accent sur la dimension historique du Nouvel an amazigh. Les festivités initiées par l'association "Numidya" viennent donner de l'entrain à l'ambiance qui colore depuis plusieurs jours déjà le ciel de la capitale de l'Ouest, une région connue, dit-on, parmi les plus anciennes à observer la tradition "Yennayer". La célébration qui diffère d'un foyer à un autre, commence d'abord par le parcours des marchés publics les plus populaires où les commerçants se sont mis au goût du jour en étalant toutes sortes de confiseries et de fruits secs, produits fort prisés à cette occasion. Les espaces les plus emblématiques pour les ménages oranais, le marché des "Aurès" (ex-La Bastille) et celui de Medina Djedida notamment, ne désemplissent guère en cette circonstance, avec une affluence telle qu'il faut parfois jouer des coudes pour se frayer un chemin dans la foule. Les provisions sont ensuite distribuées aux enfants, généralement après le dîner, "pour mieux aiguiser l'impatience des petits", dira un père de famille. Dans les foyers, cette cérémonie fait monter la chaleur conviviale autour de la table familiale embellie par le "m'khalet" qui désigne le mélange de bonbons, chocolat, amandes, noix, noisettes, dattes, cacahuètes, et "halwet et-turc" (halva). Certains n'hésitent pas à apporter leur propre touche, par exemple en agrémentant la cérémonie de partage des confiseries avec un cachet mystérieux, les enfants étant invités à tirer au sort un des lots soigneusement disposés sur la table. Ainsi célébré, Yennayer prend toute sa dimension ludique au point culminant de la fête, car cela stimule l'imaginaire des petits qui espèrent tous avoir ce qui leur semble être la meilleure part. De nombreuses familles oranaises préfèrent également marquer cette célébration par la préparation du "cherchem", repas à base de grains de blé bouillis mélangés aux pois chiches et aux fèves. Yennayer constitue, en outre, une opportunité pour les personnes en quête de connaissances, de rechercher les ouvrages sur l'histoire et l'origine du calendrier amazigh qui en est aujourd'hui à l'an 2960. Les historiens s'accordent à dire qu'il s'agit d'un calendrier agraire qui commence le 12 janvier, et qui remonte donc à 950 ans av. J.C., date à laquelle, selon une piste de recherche dominante, le roi berbère Chachnaq a vaincu le Pharaon d'Egypte.