Alors que son représentant spécial George Mitchell a entamé jeudi une nouvelle et difficile navette entre des Israéliens et Palestiniens en plein échange acrimonieux, Barack Obama, qui souhaitait vite les ramener à la table des négociations, a reconnu avoir été trop optimiste. "C'est vraiment très dur (...) et si nous avions anticipé plus tôt certains de ces problèmes politiques de la part des deux camps, nous n'aurions pas suscité des attentes si fortes", a confié le président américain dans une interview au magazine Time parue jeudi. Ce mea culpa d'Obama, un an après sa prise de fonctions, est formulé alors que son émissaire George Mitchell a repris sa mission de médiation entre Israël et l'Autorité palestinienne, après une douzaine de navettes infructueuses en 2009. Il est arrivé dans la région dans un climat encore dégradé par les accusations mutuelles entre les deux camps, qui se reprochent mutuellement de ne pas vouloir négocier. Avant d'être reçu par le président Shimon Peres, Mitchell a reconnu, lui aussi, les "complexités et difficultés" de la quête de la paix au Proche-Orient, mais il n'a pas fait référence aux échanges acrimonieux entre les deux parties. Le principal négociateur palestinien, Saëb Erekat, a accusé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'avoir "imposé de nouvelles conditions pour les négociations et d'avoir annoncé son intention de poursuivre l'occupation" de la Cisjordanie quoi qu'il arrive. "Benjamin Netanyahu a dit 'non' à un gel des colonies, 'non' à un partage de Jérusalem, 'non' aux frontières de 1967, 'non' au droit des réfugiés palestiniens. Maintenant, il veut conserver la vallée du Jourdain", a-t-il affirmé. "Nous avions espéré entendre un engagement clair en faveur de négociations sans conditions préalables. Au lieu de cela, nous avons entendu M. Netanyahu tenter de dicter ses conditions et préjuger de leur issue." La veille, devant la presse diplomatique, Netanyahu s'en était vivement pris à l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, accusée d'avoir repoussé l'invitation américaine à reprendre les négociations sans conditions, en insistant sur un gel préalable de la colonisation. Un conseiller de Mahmoud Abbas a souligné que le président palestinien attendait davantage d'Israël, avant de reprendre les discussions. "Les garanties américaines ne suffisent pas", a déclaré à Reuters Nabil Abou Rdaïnah. "Ce dont nous avons besoin, c'est un engagement d'Israël à mettre en oeuvre la feuille de route, ce qui signifie un Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale", a-t-il ajouté. "C'est la question essentielle et c'est là-dessus que les Américains devraient obtenir une réponse des Israéliens dans les prochains jours." Les Palestiniens ont estimé qu'Israël avait mis un obstacle supplémentaire en travers de la route de Mitchell en accordant le statut d'université à un établissement sis dans une colonie juive en Cisjordanie. Cette annonce du ministre de la Défense Ehud Barak, qui applique là une décision ministérielle de 2005, a coïncidé avec l'arrivée de George Mitchell. Pour Erekat, elle "s'inscrit dans la politique de dicter les choses plutôt que de négocier". "Chaque fois que le sénateur Mitchell vient dans la région, ils l'accueillent de la sorte", affirme le négociateur palestinien.