"Depuis quelques années, l'Afrique a fait preuve d'une grande ouverture d'initiative privée, d'ailleurs il y a eu une augmentation sensible des investissements étrangers en Afrique qui a débuté avant la crise économique. Ces investissements se sont raisonnablement bien comportés durant la crise", a déclaré Mme Antoinette Sayeh, directrice du Département Afrique dans un entretien avec le Bulletin du FMI en ligne. Au cours de cet entretien approfondi, à la veille du voyage que le Directeur général doit effectuer dans trois pays africains, Mme Sayeh a fait observer que l'Afrique a fait preuve de beaucoup de ressort au cours de la récession et qu'elle a maintenant bon espoir dans les perspectives d'avenir du continent. La plupart des pays africains étaient mieux préparés à faire face aux effets de la dernière crise économique mondiale que lors des précédentes. Mme Sayeh a expliqué, à ce propos, que le ressort, dont l'Afrique a fait preuve cette fois-ci, tient avant tout aux progrès considérables réalisés vers la fin des années 1990 et au début de la décennie écoulée par les pays africains qui se sont attaqués aux problèmes de leurs finances publiques et ont réduit leurs déficits budgétaires. De ce fait, lorsque la crise s'est précipitée, les pays africains ont été en mesure de maintenir leurs dépenses prioritaires, et certains ont même mobilisé des ressources supplémentaires pour protéger dans certains cas les plus démunis de l'impact de la crise. Cela bien évidemment n'a pu être possible que grâce à leurs efforts de réforme antérieurs qui ont porté leurs fruits et assaini la situation de leurs finances publiques. A noter que l'Afrique a fait un grand progrès pour ce qui est de la démarcation des rôles de l'Etat et du secteur privé dans l'économie. A ce propos, Mme Sayeh a expliqué qu'à partir des années 1990 et tout au long de la décennie suivante, les Etats se sont de plus en plus désengagés de la sphère économique et ont laissé place à l'initiative privée. "Ils se sont efforcés de maîtriser les déficits budgétaires, de stabiliser l'économie et de créer des conditions plus propices à l'investissement étranger, dès lors, ces pays se sont présentés sous un jour plus encourageant, grâce à cette nouvelle ouverture au secteur privé et à l'aplanissement des obstacles à l'investissement direct étranger", a-t-elle précisé. Quant à l'impact qu'a eu la crise sur le Kenya, Mme Antoinette Sayeh a indiqué que lorsque la récession mondiale a éclaté, le Kenya venait tout juste de sortir d'une grave crise politique. En conséquence, outre les retombées de la récession et son impact sur la demande des produits d'exportation du for Kenya, le pays a souffert d'une sécheresse qui a considérablement réduit les approvisionnements alimentaires, menaçant près de dix millions de personnes. Le Kenya a donc subi un triple choc et dû s'ajuster à la crise mondiale, aux effets de la sécheresse et à de sérieux troubles politiques. "L'impératif premier est d'accélérer et d'approfondir la croissance de l'économie afin de faire reculer la pauvreté", a déclaré Mme Sayeh concernant les principaux enjeux au Kenya, ajoutant que lorsque la crise a touché le Kenya, le FMI a pu lui assurer un financement grâce au volet à décaissement rapide de la facilité pour les chocs exogènes. D'ailleurs "le FMI est prêt à continuer de soutenir les efforts du Kenya en lui fournissant de l'assistance technique et des conseils de politique générale et, si le gouvernement en fait la demande, à envisager aussi de mettre des ressources financières à sa disposition", a-t-elle souligné. Par ailleurs, en 2009, le FMI a co-organisé une grande conférence en Tanzanie qui a débouché sur un appel à repenser la relation entre le FMI et l'Afrique. Un an plus tard, Mme Sayeh a donc déclaré, faisant un bilan de cette co-organisation, que la Tanzanie a marqué un tournant décisif dans les relations entre le FMI et les pays africains, qui a mis en exergue l'importance cruciale du FMI en tant que partenaire du développement de l'Afrique et a fait ressortir le partenariat puissant qui s'est établi entre le FMI et l'Afrique. De plus, le but étant de préserver la stabilité macroéconomique de l'Afrique, qui est la base d'une croissance robuste et soutenue, les problèmes qui demandent une solution ont été analysés de manière très franche et ouverte. En outre, la conférence a pointé la nécessité d'accroître les ressources concessionnelles du FMI pour l'Afrique et encourager les autres bailleurs de fonds à fournir à l'Afrique les financements nécessaires pour faire face à la crise. Elle a également salué la refonte des instruments de prêts du FMI aux pays à faible revenu et l'allègement de la conditionnalité, ainsi que la nouvelle formule de calcul des plafonds d'endettement dans le contexte des programmes soutenus par le FMI. Pour conclure, Mme Sayeh a déclaré que les progrès sont tangibles sur tous les plans, mais qu'il reste cependant du travail pour obtenir confirmation par les pays membres des 4 réformes mises en chantier en 2008 en vue d'accroître la voix et la représentation des pays africains au FMI. Mais au total, nous avons bien progressé depuis l'an dernier.