Les mouvements sociaux qui choisissent la nature du moyen d'expression en donnant à celui-ci la voie des grèves organisées ne sont pas tous traités de la même façon. Les enseignants ont été plus respectés que les médecins. Cela ne dépendrait-il pas des tutelles professionnelles avec un Benbouzid plus conciliant qu'un Barkat ? Il est vrai qu'à chaque crise, on peut se demander quelles sont les autorités chargées de les prévoir et de proposer des parades adéquates qui peuvent être pacifiques, c'est-à-dire qui engagent le dialogue et apportent des réponses positives au lieu des inévitables actions brutales de rétablissement de l'ordre public. Des crises locales ou même plus existent, des émeutes par exemple, qui sont sociales et qui n'expriment jamais des intentions ou des motivations politiques. Dès lors, le pouvoir politique devrait normalement se rassurer compte tenu qu'il n'y a pas d'enjeu politique de part et d'autre de la barrière. Quand les forces de sécurité interviennent, que cela soit à l'occasion d'une crise locale qui se transforme en émeutes locales ou pour ce qui concerne l'expression dans la rue de revendications salariales qui ne rencontrent pas le cadre du dialogue ou des négociations, cela signifie inévitablement qu'il est déjà trop tard. Les germes de la crise ont été portés à maturité. Les menaces majeures résident dans l'absence de traitement en amont des facteurs de crise, dans l'absence des élus et des partis également en amont de la crise. Peut-être qu'il ne serait pas perçu que les menaces majeures puissent provenir des manifestations de colère et peut-être serait-il estimé que jamais les conditions d'un embrasement national généralisé ne pourraient être réunies. Les vulnérabilités du pays par rapport à de telles menaces pourtant conjurées résideraient dans la conviction des populations qu'il n'y aurait pas de politique fondée sur le dialogue permanent comme instrument stratégique de prévention et même de traitement curatif. Serait-ce que cela soit la rencontre entre le mécontentement social et la posture de veille de la subversion qui soit conjurée ? Si on peut bien se poser la question de savoir pour ce qui concerne les menaces, terroristes d'où celles-ci proviendraient elles, quelles sont nos vulnérabilités, quelles sont nos capacités d'adaptation et quelle durée pour la mise en œuvre des politiques d'adaptation, une pareille interrogation ne serait pas fondée pour ce qui concerne les revendications salariales.