Le Commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, a plaidé vendredi pour une reprise rapide des discussions sur la libéralisation du commerce mondial dans le cadre du cycle de Doha. M. De Gucht a tenu ce plaidoyer après une entrevue avec le représentant américain en charge du Commerce, Ron Kirk. "Si nous voulons progresser, nous devons négocier. Il incombe aux joueurs importants d'indiquer ce qu'ils veulent changer (au projet d'accord refusé il y a deux ans à Genève par l'Inde et les Etats-Unis, ndlr). Je ne peux que constater que le texte n'était pas acceptable pour les Etats-Unis", a-t-il expliqué. M. De Gucht s'est dit un peu étonné devant les articles parus dans la presse américaine qui lui reprochaient ses critiques à l'égard du protectionnisme américain dans les négociations de Doha. Il y a dix jours, M. De Gucht avait accusé de "protectionnisme" le président Barack Obama, en imputant aux Etats-Unis le blocage actuel des négociations du cycle de Doha sur la libéralisation du commerce mondial. "L'idée qu'on puisse obtenir des avancées sans faire de concessions est une erreur", avait-il notamment souligné. Ron Kirk, qui devait le rencontrer pour la première fois vendredi après-midi à Bruxelles, préférait lui "laisser clarifier ses remarques". "Je pense que le commissaire pourrait utiliser son temps de manière plus constructive", avait néanmoins lâché le responsable américain avant la rencontre. A l'issue de la réunion, MM. De Gucht et Kirk ont insisté sur "la bonne base en vue d'une collaboration future" que constitue leur entretien. MM. De Gucht et Kirk ont tous les deux souligné l'importance cruciale du commerce entre l'Europe et les Etats-Unis. Chaque jour, il y a presque deux milliards d'euros échangés entre l'Europe et les États-Unis pour atteindre environ 700 milliards d'euros par an. Les deux économies sont hautement interdépendantes, l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis représentent ensemble plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial et 31% du commerce mondial, et sont les partenaires commerciaux les plus importants de l'un l'autre. Les investissements directs étrangers entre les deux rives de l'Atlantique atteignent 1.900 milliards d'euros, tandis que l'ensemble des mains-d'oeuvre transatlantique est estimé entre 12 et 14 millions de personnes, dont environ la moitié sont des Américains qui ont un emploi directement ou indirectement dans des sociétés de l'UE. Selon une étude récemment réalisée pour la Commission européenne, le PIB de l'UE et des Etats-Unis augmentera de quelque 160 milliards d'euros et leurs exportations de 2,1% et 6,1% respectivement, si la moitié des barricades non tarifaires et des divergences réglementaires est supprimée. "En ces temps économiques difficiles, il est essentiel d'approfondir le marché transatlantique pour stimuler la croissance", a déclaré M. De Gucht. La semaine dernière, M. De Gucht a attribué le blocage des négociations du cycle de Doha au protectionnisme des Etats-Unis. "Les Etats-Unis réclament une plus grande ouverture des frontières des pays en développement aux produits américains, mais ne formulent aucune compensation", a-t-il critiqué, en estimant quasi-inexistante la possibilité d'avancées dans le cycle de Doha avant les élections américaines de mi-mandat en novembre prochain.