Ouyahia avait affirmé que le pic pétrolier en Algérie se situerait en 2030, car au-delà c'est la courbe descendante. Plus de ressources en provenance de la vente du pétrole. Plus de ressources suffisantes en termes de vente de gaz, avec une déception taille qui commence dès maintenant avec le refus de la Russie et du Qatar de diminuer la production de gaz pour faire augmenter les cours. Avec de telles conclusions, fatalement la tendance sera à l'inquiétude. Comment ne pas s'en inquiéter quant cinq décennies de gestion d'une Algérie indépendante n'ont pas réussi à faire de notre pays un pays qui devrait sortit de sa situation de " pays en développement " ? Pourquoi n'avions-nous pas atteint le niveau de développement de l'Espagne de l'année 80, comme cela avait été promis durant les années 70 ? Pourquoi les pays arabes n'ont-ils pas développé entre eux des relations suffisantes pour en faire aujourd'hui une nation développée et forte, comme cela avait été promis alors qu'il ne s'agissait pas de déclarations programmes ? Où en sommes nous aujourd'hui de la promesse faite en juin 1988 à Alger par le président Guedafi de la création d'une carte d'identité maghrébine ? De combien de centrales nucléaires disposerons-nous à l'horizon 2030 ? Quelle sera à ce moment la capacité de notre pays à continuer à être un bon client ? Et nos entreprises, que deviendront-elles à cet horizon ? On dit aujourd'hui que les entreprises auront à apprendre à resserrer leurs coûts, à rogner sur leurs marges pour survivre. Qu'elles auront ainsi le temps de savoir se diversifier, diversifier l'origine de leur production, de faire éventuellement comme les autres entreprises orientées vers le seul profit et qui investissent là où il y a des parts de marché à prendre et où la main-d'œuvre ne coûte pratiquement rien. Mais, l'inquiétude devait venir de l'environnement économique international. Un environnement dit de concurrence, et pas réellement de coopération, malgré les phrases adoucissantes prononcées à notre attention par les pays riches et dont les entreprises internationales ne feront qu'une bouchée de nos entreprises. Qui a dit qu'il s'agit d'une concurrence saine et que la mise à niveau de nos entreprises suffira à faire de ces dernières des entreprises capables de gagner des marchés à l'international ? Ce rêve nous a pratiquement bercé et berné en même temps, car on se voyait lancés à l'assaut des citadelles occidentales leur apportant notre savoir-faire pendant que l'on dominait leur marché. Dans notre rêve euphorique, nous n'avions jamais pensé que notre marché intérieur allait nous échapper et cela fut un terrible réveil, une sortie catastrophique de notre rêve. Bien sûr que maintenant, en dehors de nos illusions, nous savons qu'il conviendrait plutôt que nos efforts soient axés sur la préservation de notre marché interne pour garantir la survie à nos entreprises, c'est-à-dire garantir les emplois et un certain pouvoir d'achat aux ménages sous peine d'une agitation sociale permanente. Nos entreprises publiques ont raison d'exiger que notre marché intérieur soit protégé et que les citoyens consomment "biladi". Un comportement patriotique difficile, cependant, à maintenir sous la pression des prix bas des produits provenant de pays où les normes sociales sont inférieures aux nôtres, ce qui se traduit par des coûts de production très faibles qui rendent leurs produits beaucoup moins chers par rapport aux nôtres. Il ne s'agit pas de nous retirer du marché. L'économie algérienne a quitté les rives de l'économie administrée sans encore atteindre l'autre rive, celle de l'économie libérale, l'économie ouverte, le marché ouvert, la suppression des frontières pour la circulation des marchandises qui proviennent de l'étranger, mais assez difficile pour nos produits qui voudront se placer dans des marchés extérieurs. On ne peut pas faire en quelques années ce que les pays à économie développée ont fait en quelques siècles. La nouvelle stratégie industrielle est toujours novelle car toujours à l'état de projet.