Dans les prochains jours, le port belge de Zeebrugge accueillera le dernier méthanier en provenance d'Algérie. Depuis 25 ans, le gaz belge provenait d'Algérie. A partir d'aujourd'hui cela va changer. En effet, le contrat signé entre Distrigaz et Sonatrach, il y a 25 ans, prend fin ce 1er avril. Dorénavant, c'est la société qatarie Rasgaz qui approvisionnera la Belgique. Fini donc le gaz naturel liquide algérien et place au gaz du Qatar avec un nouveau contrat conclu par Distrigaz pour la livraison de 2,75 milliards de mètres cubes de gaz par an. D'ailleurs, le terminal GNL (gaz naturel liquéfié) de Fluxys à Zeebrugge a reçu jeudi la première cargaison de gaz naturel liquéfié en provenance du Qatar. Pour rappel, c'était en 1975 que la Belgique concluait avec l'Algérie un contrat de fourniture à long terme, plus de 20 ans, pour l'approvisionnement en gaz naturel liquéfié amené par bateau méthanier d'Arzew par la Sonatrach vers Zeebrugge pour Distrigaz, société semi-publique à l'époque. A cette époque, très mouvementée après le premier choc pétrolier, c'était un contrat historique. Ce contrat, signé avec la société qatarie Rasgaz pour une durée de 20 ans, prévoit la livraison de 2,75 milliards de m⊃3; par an, soit 33 rotations annuelles entre l'Emirat et le port de Zeebrugge. Pour le transport à bord d'immenses méthaniers, le gaz naturel sera liquéfié de façon à réduire près de 600 fois son volume. Une fois arrivé à bon port, il sera à nouveau transformé en fonction des besoins. Selon les autorités belges, l'intérêt de cette transaction dépasse largement les frontières de la Belgique, et ce aussi bien pour Rasgaz que pour le port de Zeebrugge. En effet, 15% du gaz naturel consommé en Europe occidentale transitent par là. Et quand on sait que les besoins de la Grande-Bretagne s'élèvent à quelque 100 milliards de m⊃3; par an et que la proportion de gaz importé y est de plus en plus grande, on comprend la position stratégique du port belge. Dans un contexte mondial dominé à la fois par les inquiétudes sur les approvisionnements et l'imminence de l'ouverture des marchés européens de l'énergie, cette percée qatarie dans le marché du gaz européen constitue un revers pour la politique d'extension algérienne sur le marché gazier de l'Union européenne. Au moment donc où notre pays opérait une dynamique significative en matière de pénétration du marché gazier européen, notamment de la rive sud de la Méditerranée, la Belgique décide de troquer le gaz algérien au profit du gaz qatari. La décision belge constitue un revers pour l'Algérie, d'autant que l'augmentation des capacités de production de notre pays à travers notamment la construction d'une usine de liquéfaction de 4 millions de tonnes par an à Bethioua et l'acquisition de méthaniers de grande capacité, prévue dans le cadre du projet de développement intégré du champ de Gassi Touil, visait le marché britannique, prévu net importateur à partir de 2005-2006. Un marché qui devait être atteint à travers justement, l'unité de regazéification de Zeebrugge en Belgique et en empruntant le gazoduc Interconnector qui relie l'Europe continentale à l'Angleterre, et dont l'augmentation de la capacité, à 16,5 Bcm, vient d'être décidée. .