Sonatrach, qui compte devenir un acteur majeur sur le marché européen de la distribution du gaz, notamment en Espagne, Italie, France, Angleterre et Pays-Bas, continue d'afficher ses ambitions. L'idée, selon laquelle Sonatrach ne veut plus se contenter du simple rôle de fournisseur de gaz, prend de plus en plus forme, en témoigne sa récente offensive sur le marché européen du gaz. Cette volonté prend forme d'ailleurs en Espagne et en Belgique, où la compagnie nationale convoiterait d'importantes compagnies gazières. En Belgique, Sonatrach figure parmi les candidats sérieux à la reprise du groupe belge de distribution de gaz, Distrigaz, filiale de Suez. En Espagne, Sonatrach souhaiterait entrer dans le capital du numéro deux du pétrole espagnol, Cepsa. En effet, la compagnie nationale s'est rapprochée de la banque Santander pour connaître la valorisation de Cepsa dont elle souhaite acquérir 30% du capital ainsi que ses plans de vente. Il est vrai que Santander avait fait part de son intention de mettre en vente cette participation dont la valeur en bourse est estimée à 5,8 milliards d'euros. Seulement, Sonatrach ne serait pas le seul candidat au rachat de la compagnie espagnole, convoitée par d'autres groupes pétroliers et énergétiques. Mais, la société algérienne, grâce à ses liquidités record, peut faire une offre attractive, estiment les spécialistes. Sonatrach bénéficierait également d'un soutien de taille, celui du français Total, l'un des principaux actionnaires de Cepsa. L'achat de Cepsa permettrait à Sonatrach un accès direct au marché espagnol de la distribution du gaz et des carburants. Il serait utile de signaler que Cepsa est l'un des partenaires de Sonatrach dans le projet Medgaz aux côtés d'autres groupes espagnols à l'image d'Iberdrola. Cependant, la détérioration des relations entre Sonatrach et les groupes pétroliers espagnols risque de compliquer la démarche de Sonatrach. En effet, l'annulation de l'accord Gassi Touil a été mal accueillie par le gouvernement et l'opinion publique espagnols. Les deux compagnies espagnoles mises en cause ont annoncé leur intention de porter l'affaire devant les tribunaux internationaux. Une rude bataille judiciaire s'annonce entre les deux parties. L'arrivée dans les prochains mois de Sonatrach sur le marché espagnol pourrait donc se faire dans des conditions d'hostilité dont elle devra s'accommoder. A ce titre, le groupe algérien pourrait envisager un renforcement rapide de son partenariat avec le portugais EDP Energias du Portugal. C'est là une option que soutiennent des analystes financiers cités par l'agence d'informations économiques Thomson Financial. Pour l'analyste portugais John dos Santos, la détérioration des relations entre Sonatrach et les groupes pétroliers espagnols va renforcer l'accord stratégique conclu récemment par la société nationale des hydrocarbures avec EDP. Sonatrach pourrait, s'appuyer sur ce partenaire dont elle détient déjà 2% du capital pour se lancer à l'assaut du marché espagnol de l'énergie. Dans ce contexte, la société nationale pourrait accélérer sa montée dans le capital d'EDP en portant sa part à au moins 5%. Un analyste d'une banque portugaise a également souligné que "Sonatrach a maintenant besoin d'EDP plus que jamais pour mettre en place son plan visant à devenir distributeur de gaz en Espagne".