Le président américain Barack Obama s'est dit, lundi, "profondément déçu" que les républicains aient voté en bloc contre l'ouverture des débats sur la réforme de Wall Street. Avec 57 voix contre et 41 favorables à l'ouverture des débats, le sujet ne sera donc pas discuté en séance plénière, la Chambre requérant un minimum de 60 voix pour lancer les discussions. "Je suis profondément déçu que les républicains du Sénat aient voté en bloc contre l'ouverture des débats sur la réforme de Wall Street", a dit le président dans un communiqué. Une déception à la hauteur des ambitions de cette réforme, la plus profonde depuis la grande dépression des années 1930, selon certains analystes. La loi prévoit en effet d'importantes mesures de surveillance qui concerneraient les hedge funds et autres produits dérivés. Le vote du sénat oblige les principaux élus en charge du projet à retourner à la table des négociations pour tenter d'élaborer un compromis acceptable par les deux grands partis, qui permettrait d'ouvrir prochainement les débats sur un texte remanié. "Certains de ces sénateurs pensent peut-être que l'obstruction est une bonne stratégie politique, d'autres peuvent considérer un report comme une occasion de poursuivre le débat à huis clos, là où les lobbyistes du secteur financier pourront diluer la réforme, voire la réduire à néant. Mais les Américains ne peuvent se le permettre", a réagi Obama. "La réforme sur laquelle les deux partis travaillent depuis un an empêcherait une telle crise de se reproduire, et j'invite le Sénat à se remettre au travail et à mettre les intérêts du pays devant ceux des partis", a-t-il ajouté. Barack Obama et les membres démocrates du Congrès souhaitent renforcer l'arsenal réglementaire permettant d'encadrer les activités des banques et des marchés de capitaux afin de prévenir une nouvelle crise comparable à celle de 2008-2009, qui a plongé l'économie américaine dans une grave récession. De nombreux républicains admettent la nécessité d'une réforme mais s'opposent au projet démocrate, jugeant qu'il renforce exagérément les pouvoirs des autorités fédérales. Les démocrates souhaitent mettre en place une nouvelle agence de protection des consommateurs et élaborer une nouvelle procédure de démantèlement des établissements financiers en difficulté. Soucieux de trouver une solution au problème des sociétés qui sont trop importantes pour faire faillite ("Too big to fail"), le parti de Barack Obama souhaite mettre au point une nouvelle procédure de "liquidation ordonnée". Elle a pour but d'empêcher qu'à l'avenir, les contribuables aient à régler la facture du sauvetage de sociétés, comme cela a été le cas pour AIG, tout en évitant des faillites spectaculaires comme celle de la banque Lehman Brothers en 2008.