Le tissage, un art plusieurs fois séculaire, est présenté sous toutes ses coutures depuis le 27 avril et jusqu'au 5 mai prochain au Palais de la culture Moufdi-Zakaria d'Alger. Ce rendez-vous artisanal, l'un parmi tant d'autres qu'organise le ministère de la Culture pour célébrer le mois du patrimoine (du 17 avril au 18 mai) rassemble dans des stands différents 14 wilayas du pays, dont Tizi Ouzou, Laghouat, Touggourt, Sétif, Tlemcen Mascara, Ouargla etc… Il ne faut pas s'attendre à trouver des expos qui proposent uniquement des tissages sur une matière en lainage ou une quelconque étoffe puisque cette manif semble plutôt célébrer le motif ou pour être plus précis, les signes et symboles qui accompagnent généralement tous les supports possibles et imaginables, comme c'est le cas des murs dans la plupart des veilles maisons kabyles. Des signes redondant qu'on retrouve d'ailleurs aussi bien dans la céramique, la poterie ou encore les tapis berbères. Des signes qui sont pratiquement les mêmes quelle que soit l'origine du produit qu'on expose. Qu'il vienne de Ouargla ou de Tizi Ouzou, un tapis est généralement décoré sur la base de motif symbolique comme le losange, le serpent ou encore l'étoile. Selon la directrice du Palais de la culture, Mehadjia Bouchentouf, le choix de la thématique du tissage " est une façon de préserver ce métier dans un pays qui possède un riche patrimoine en matière de tissage propre à chaque région du pays, notamment les tapis, les hanbals, les burnous et les Bourabah", a-t-elle dit. Pour elle, un intérêt doit être accordé aux artisans qui "souffrent en silence" par la création de coopératives pour promouvoir ce pan important de notre patrimoine qui exprime "l'identité algérienne". Elle a également mis en garde contre "la disparition de ce métier qui risque d'entraîner celle de la culture et de l'identité algériennes". Cette responsable a rappelé que les petits métiers, notamment les différents types de tissage avaient, par le passé, des connotations sociales. "Les couvertures Bourabah, très répandues autrefois dans la région de Tlemcen renseignaient sur l'envergure et l'aisance des familles car nécessitant de grandes quantités de laine de mouton". Elle a également mis en garde contre l'invasion des articles industriels dans le marché local, qui ont quelque peu détrôné le traditionnel qui constituait, selon elle, "une source de subsistance pour les familles, notamment les femmes qui pratiquaient ce métier à domicile". Bouchentouf a même donné quelques précisions sur l'ouvrage artisanal et son processus de fabrication qui transitaient par plusieurs phases avant d'atteindre leur forme finale. Comme tout le monde peut l'imaginer, cette chaîne de fabrication faisait vivre beaucoup de personnes, et même le tourisme dans des pays qui développent ce secteur. Pas moins de 30 artisans sont présents à cette expo qui ne connaît pas un engouement particulier, mais qui devra permettre à chacun d'eux de mettre sur le tapis les difficultés que rencontre la profession, notamment la rareté de la matière première et la disparition pure et simple de quelques institutions pédagogiques spécialisés dans le genre tissage. En parallèle à ce rendez-vous, une expo de livres rares et précieux sur le tissage est proposée et sera organisée également.