Quand bien même parfois il y a des émeutes comme expression d'un désarroi et que sous la pression de la crainte de ne pas faire aboutir leurs revendications, les populations, ou les jeunes plutôt, acceptent le bas de fer comme traduction d'une stratégie de dialogue et d'écoute à provoquer, il s'en suit tout de même un retour à l'espoir. Il est de coutume qu'à la suite du recours à la rue, s'expriment de nouvelles aspirations et celles-ci se construisent sur ce qui n'a pas été réalisé, achevé ou abordé. Il y a par exemple comme aspiration à créer les conditions d'une augmentation du pouvoir d'achat des populations et celle que cette augmentation serve à relancer l'économie nationale, et non pas l'économie des pays qui sont nos fournisseurs. Certainement que l'atteinte de tels objectifs ne sera pas pour demain, car la mise en place d'industries susceptibles de produire en substitution aux importations est encore au niveau des projets et des discours. Depuis l'essor de la politique des " containers ", l'esprit de nos hommes d'affaires est entièrement orienté vers les importations. Le gain facile. Un gigantesque plan antipénurie, à hauteur de nos ressources en provenance de la vente des hydrocarbures. On pense souvent à la nécessité de créer une couche moyenne la plus élargie possible car la conviction est grande que c'est celle-ci qui sert de zone tampon entre les riches et les pauvres et qui absorbe les tensions selon son étendue. L'écart important entre cadres supérieurs de l'Etat et parlementaires en termes de rémunération pourrait être un des facteurs majeurs de la mise en péril de tout succès attendu de la solidarité entre les composantes de la nation. Une autre aspiration, est celle de créer une classe moyenne la plus élargie possible, car il est connu que c'est celle ci qui peut porter à maturité les démarches étatiques, que celles-ci soient d'ordre politique ou économique. Mais, la différence énorme en matière de rémunérations entre les députés et les cadres de la haute administration ont mis en péril ce projet de création de la classe moyenne, et creusé même un fossé entre la classe politique et tout le reste de la société, brisant ainsi la cohésion dans l'espace de la mobilisation autour des politiques de l'Etat.