La lutte contre le blanchiment d'argent et la corruption impose, outre un cadre juridique, des mécanismes de veille et de lutte. C'est ce que l'Algérie est en train de mener depuis des années. Mais, malgré l'arsenal juridique mis en place, notamment la rigueur des textes de loi, certaines dispositions sont gelées. Il s'agit de la disposition relative au mode de paiement. Celle-ci stipule, en effet, que toute transaction dépassant les 50 000 DA doit s'effectuer par chèque. Pour le président de la cellule de traitement financier, Abdelmadjid Amghar, le marché n'est pas bien préparé pour l'application d'une telle disposition. Pourquoi ? L'une des principales raisons, c'est la nature même du secteur économique. "Un secteur qui n'est pas encore bancarisé, ce qui nécessite d'abord une organisation du marché", M. Amghar. Toutefois, cette disposition s'avère plus que nécessaire. "Nous devons un jour ou l'autre déterrer cette disposition, l'adopter et de la modifier si c'est nécessaire" dira Abdelmadjid Amghar. L'invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale est revenu surtout sur le fonctionnement de la cellule qu'il préside. Une cellule qui a été créée en 2002 mais qui n'est fonctionnelle qu'en 2004. La discrétion est de mise chez les membres de cette cellule. Abdelmajid Amghar a saisi cette occasion pour dévoiler et mettre en exergue le résultat des investigations accomplies jusque-là par la cellule de traitement financier. Ainsi, le dossier que ce service a eu à traiter, à savoir celui relatif au Fonds algéro-koweitien a abouti. "Après investigations, la cellule a ficelé ce dossier qu'elle a présenté à la justice qui a condamné les personnes impliquées dans le blanchiment d'argent. Le montant de ce trafic est évalué à 4,3 millions de dollars" précise Abdelmadjid Amghar. La cellule, ajoute son président, a en sa possession deux autres dossiers ; Abdelmadjid Amghar n'en dira pas plus, discrétion oblige. Néanmoins, il ne faut pas crier victoire. Car lutter contre le fléau du blanchiment d'argent et de la corruption qui gangrène l'économie mondiale, est une tâche ardue. "Les criminels ont pris une longueur d'avance et à chaque fois ils trouvent de nouveaux circuits pour déjouer les procédures existantes" souligne l'invité de la radio. Le plus important reste la collecte d'informations sur les transactions douteuses que la cellule aura à traiter. Une fois la déclaration de soupçon est établie, la cellule de traitement financier saisit le parquet territorialement compétent pour enclencher la procédure légale.