Rachid Bouchareb, l'auteur de "Hors-la-loi", en compétition officielle au 63ème Festival international du cinéma de Cannes, a souligné vendredi la nécessité d'ouvrir le débat autour du contenu de son film, qui a fait l'objet d'une virulente campagne bien avant sa présentation. "J'ai fait ce film pour qu'il débouche sur une rencontre, pour des choses positives. Qu'il ouvre un débat... Les spectateurs verront bien qu'il n'y a pas d'animosité", a indiqué le cinéaste, lors de la traditionnelle conférence de presse qui suit la projection spéciale du film destinée aux journalistes. Rachid Bouchareb a regretté la polémique qui a entouré son film, sans être vu par ses détracteurs. "Que ça suscite une telle violence autour du film, j'estime que c'est exagéré, que sans avoir vu le film, on dise tellement de choses autour du film", a-t-il indiqué, en soulignant que "Hors-la-loi" "n'est pas là pour provoquer des affrontements mais bien au contraire pour ouvrir un débat et qu'enfin tout le monde puisse s'exprimer autour du film et que demain une page se tourne". "Mon film n'a pas vocation à être une analyse historique, c'est une oeuvre de fiction", a insisté le cinéaste, tout en réaffirmant son refus de "discuter avec les gens qui veulent faire du film un champ de bataille et l'utiliser pour des raisons personnelles". Les premiers comptes-rendus de cette projection publiés sur plusieurs sites de médias spécialisés ont favorablement accueilli le film et n'ont relevé aucun côté "anti-français" ou "négationniste" comme l'avaient accusé ses détracteurs. D'autre part, l'ONG française SOS-Racisme a apporté vendredi son soutien à Rachid Bouchareb et dénoncé "une polémique indigente" et la manipulation de la sélection du film au Festival des Cannes par des milieux revanchards guidés par "une démagogie électorale". "SOS Racisme" a souligné la nécessité d'accorder une bonne place à l'Histoire de la colonisation dans les programmes scolaires français. "Etudier ces pages de notre Histoire, c'est donner les clefs d'analyse aux jeunes générations pour qu'elles puissent comprendre les dangers de ces systèmes de pensée fondés sur des visions essentialistes de l'être humain et sur lÆexploitation de ce dernier", a précisé l'ONG. Pour elle, "étudier ce passé, c'est également permettre de détruire des visions historiquement datées qui, encore aujourd'hui, expliquent les images dégradées et stéréotypées de certaines parties de la population frappées de ce fait par le fléau des discriminations". APS