Le pétrole a terminé en forte baisse vendredi sur le marché new-yorkais, plombé par la chute des Bourses et de l'euro à la suite de chiffres de l'emploi moins bons que prévu aux Etats-Unis et d'inquiétudes concernant la Hongrie. Le contrat juillet sur le brut léger américain a fini sur un recul de 3,10 dollars, soit 4,15%, à 71,51 dollars le baril. Au même moment, le Brent cédait 3,41 dollars (-4,52%) à 72,00 dollars. Si l'économie américaine a créé 431.000 emplois non agricoles en mai, soit le chiffre le plus élevé enregistré depuis mars 2000, cette performance reste néanmoins inférieure aux attentes du marché en la matière. Le porte-parole du gouvernement hongrois a estimé que les propos d'un responsable politique évoquant la faible chance du pays d'éviter une crise semblable à celle de la Grèce n'étaient pas exagérés. Les cours du brut ont donc plus qu'effacé les gains de jeudi, journée qui s'était soldée par une hausse de près de 2,5% à la faveur d'une baisse nettement plus marquée des stocks de brut aux Etats-Unis. En plus des statistiques de l'emploi et de la Hongrie, le marché pétrolier a également dû digérer une mauvaise nouvelle en provenance de la Chine : les principaux ports du pays ont importé 17,29 millions de tonnes de brut en mai, ce qui représente une baisse de 7% par rapport au mois d'avril. Cette annonce a jeté un froid sur le marché pétrolier, qui comptait sur des chiffres plus positifs, et elle a relancé des doutes sur la vigueur de la reprise chez le premier consommateur mondial d'énergie. "(Ces) chiffres très attendus ont réussi à surprendre le marché, mais dans le mauvais sens, car ils étaient moins bons que ce que prévoyaient les analystes. Le marché de l'énergie a réagi de façon très forte, avec une chute du brut sous 73 dollars, la pression provenant aussi du renforcement du dollar", commentait Myrto Sokou, analyste chez Sucden. Les chiffres de l'emploi américain ont en effet eu pour conséquence de faire grimper le dollar, valeur refuge en période d'incertitudes, sous le seuil de 1,20 euro pour un dollar pour la première fois depuis mars 2006. Or, l'appréciation du dollar réduit le pouvoir d'achat des investisseurs pour le pétrole, qui est vendu dans cette devise. La déception de l'emploi américain gommait l'impact positif des données sur l'état de la consommation et de stocks pétroliers aux Etats-Unis publiées la veille, qui faisaient encore grimper le marché pétrolier dans la matinée. Le département américain de l'énergie (DoE) a révélé une baisse marquée des stocks de brut et d'essence (de respectivement 1,9 et 2,6 millions de barils), et surtout une progression de la consommation de produits pétroliers aux Etats-Unis. Sur les quatre dernières semaines, les Américains ont consommé en moyenne 19,7 millions de barils par jour (mb/j) de produits pétroliers, soit une hausse de 8,1% par rapport à la même période l'an passé. "Le marché est en train de se tendre, avec une chute des stocks à leur niveau le plus bas de l'année et une demande qui progresse", notaient les analystes du cabinet John Hall. "Le fait le plus important qui se dégage de ces derniers chiffres est la progression de la demande américaine de pétrole, alimentée davantage par les camionneurs que par les automobilistes", précise M. Hufton, soulignant le décalage entre la consommation de diesel (consommé par les industriels), en forte hausse, et la stagnation de la consommation d'essence. Sur un an, la consommation de produits pétroliers a progressé de 1,48 million de barils par jour, précise-t-il. "C'est un chiffre énorme, très supérieur aux prévisions des agences pour l'année", insiste-t-il. Malgré la déception de l'emploi américain, les cours de l'or noir concluaient néanmoins la semaine sur un gain d'environ 1,50 dollar.