Les dirigeants de l'Union européenne (UE) ont annoncé jeudi à Bruxelles de nouvelles mesures restrictives contre l'Iran pour son programme nucléaire. Dans des conclusions publiées à l'issue de leur sommet d'une journée, les dirigeants du bloc des 27 ont indiqué que de nouvelles mesures restrictives sont devenues "inévitables". Les dirigeants européens ont demandé officiellement au Conseil européen des ministres des Affaires étrangères d'"adopter des mesures mettant en oeuvre celles prévues dans la résolution 1929 du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que des mesures d'accompagnement". Ces mesures se focalisent sur le domaine du commerce (notamment les échanges de biens à double usage et des restrictions supplémentaires en matière d'assurances sur les échanges commerciaux) et sur le secteur financier, y compris le gel des avoirs d'autres banques iraniennes et des restrictions dans le secteur de la banque et des assurances. Les mesures restrictives incluent également le secteur iranien des transports, y compris la compagnie de transport maritime de la République islamique d'Iran et ses filiales, et le fret aérien; les grands secteurs de l'industrie gazière et pétrolière, avec l'interdiction de nouveaux investissements, de l'assistance technique et des transferts de technologies, d'équipements et de services liés à ces secteurs. Notons que la résolution imposant de nouvelles sanctions contre l'Iran adoptée le 9 juin par le Conseil de sécurité de l'Onu, prouve que l'Agence internationale de l'énergie nucléaire, n'est plus un organisme à vocation technique, mais un instrument servant les intérêts d'un certain nombre de puissances, ont estimé jeudi à Moscou des experts. "Les décisions (de nouvelles sanctions à l'encontre de l'Iran), montrent que le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) ne répond plus aux exigences de la sécurité dans le monde et que l'AIEA n'est plus un organisme technique mais un instrument dont se servent certaines puissances pour servir leurs propres intérêts et exercer des pressions sur d'autres pays", a déclaré, le directeur de l'Institut d'études de l'Iran contemporain, Rajab Safarov. "La nouvelle résolution pénalisant l'Iran, n'est pas constructive et ne sert pas les intérêts du Conseil de sécurité lui-même", bien au contraire elle le discrédite car "elle ne règle pas le problème et montre que les pays membres du club nucléaire veulent garder le monopole des technologies nucléaires", a-t-il affirmé dans une conférence de presse. Selon lui, "ces derniers ne veulent pas que d'autres pays accèdent à ces technologies alors qu'ils ne cessent eux-mêmes d'accroitre les performances de leurs armements nucléaires". "Si d'autres pays veulent développer le nucléaire pour répondre à leurs besoins en énergie, ils ne leur permettent pas de le faire d'une manière indépendante, notamment en leur interdisant d'enrichir de l'uranium et en leur proposant de leur fournir du combustible nucléaire afin qu'ils restent dépendants vis- à vis de ces puissances", a-t-il soutenu. Le vice-président de l'Académie russe des problèmes géopolitiques, Vladimir Anokhine, a pour sa part mis en exergue le préjudice que porte la résolution du Conseil de sécurité aux relations entre Téhéran et Moscou qui a soutenu cette résolution, de même qu'il a mis en garde contre le recours à la force militaire contre l'Iran. Dénonçant la politique des deux poids deux mesures du Conseil de sécurité, il a estimé que "s'il fallait réellement une résolution pour sanctionner l'Iran, il aurait fallu également adopter une résolution à l'encontre d'Israël qui n'a jamais rejoint le TNP alors qu'il possède, selon les spécialistes, plusieurs dizaines de têtes nucléaires". "Avec les vecteurs pour ces charges nucléaires, missiles, sous-marins, avions, dont il dispose, c'est en fait Israël qui fait peser une menace sur toute la région du Moyen-Orient et non l'Iran", a-t-il soutenu. "Si par malheur, on décide de recourir à la force militaire contre l'Iran, cela va déclencher un conflit d'une ampleur plus dramatique que ceux dans lesquels sont plongés l'Irak et l'Afghanistan", a-t-il prévenu. Les déclarations de ces experts interviennent au moment où la Russie s'est déclarée jeudi extrêmement déçue par le fait que les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) n'aient pas répondu favorablement à son appel à renoncer à mettre en oeuvre unilatéralement des sanctions à l'encontre de l'Iran. "Nous sommes extrêmement déçus par le fait que nos appels à s'abstenir de telles démarches n'aient été entendus ni par les Etats-Unis ni par l'UE", a déclaré à des médias russes le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. "Nous en tirerons des conclusions, y compris en ce qui concerne notre futur travail commun", a-t-il souligné. "Des sanctions unilatérales sont d'autant plus nuisibles qu'elles sapent les bases mêmes de notre travail commun avec nos partenaires au sein des six pays médiateurs sur le dossier nucléaire iranien (Russie, Etats-Unis, France, Chine, Grande-Bretagne et Allemagne) et dans le cadre du Conseil de sécurité de l'Onu", a-t-il ajouté.