La Banque ouest-africaine de développement (Boad) a trouvé un moyen de générer des ressources pour des pays africains qui seront les premières victimes du changement climatique et qui n'ont pas les capacités techniques et financières de faire face au phénomène. Le choix de la Boad s'est porté sur le projet lié au traitement des déchets de la décharge publique d'Akouédo. L'information a été donnée par Abdoulaye Bio-Tchané à l'ouverture d'un forum qui se déroule à Lomé et a pris fin hier. Le président de la Boad a par ailleurs précisé que ce projet devrait être l'un des premiers produits proposés par la Boad sur le marché du carbone. La Banque ne s'investit pas au hasard dans ce projet, Abdoulaye Bio-Tchané a précisé que ce projet permettra de récupérer du méthane, qui dans certains cas, peut servir à produire de l'électricité. La BOAD a vu juste, puisque le problème de l'électricité est devenu un fléau dans la zone UEMOA. "Ce type de projet, selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) consistant à transformer le méthane en électricité est le plus prisé sur le continent africain", a précisé Abdoulaye Bio-Tchané. Elle a décidé de commémorer le cinquantenaire des indépendances en se positionnant comme une institution de financement du développement durable. Ce thème fait l'objet d'un forum de deux jours qui a été ouvert ce mardi à Lomé, la capitale togolaise. "Nous voulons concentrer nos efforts sur une question de plus en plus prioritaire", explique Abdoulaye Bio-Tchané, le président de la Boad. "Nous n'avons pas sacrifié à la mode", souligne par ailleurs un haut responsable de l'institution financière que se partage les huit pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), dont sept célèbrent leurs 50 ans d'indépendance. Depuis le milieu des années 90, précise-t-il, les évaluations environnementales sont systématiques pour les projets traités par la Boad. Mais en 2008, la banque a franchi un cap en l'inscrivant dans "son plan stratégique 2009-2013". Le développement durable est devenu, avec l'accès aux services financiers dans la zone Uemoa qui fait défaut à 93% de sa population, l'une de ses deux nouvelles priorités. "Nous voulons faire accéder nos pays à l'important marché des produits carbone", a indiqué ce mardi Abdoulaye Bio-Tchané. Le Mecanisme du développement propre (MDP), institué par le Protocole de Kyoto, permet aux projets, qui y sont éligibles parce qu'ils contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, de bénéficier de crédits qui peuvent être vendus sur le marché du carbone. L'Afrique ne représenterait que 1 à 2% d'un marché estimé à 144 milliards de dollars, indique-t-on à la Boad. La part des pays de la zone Uemoa est encore plus insignifiante. Elle s'élève à 0,23%, soit 5 projets sur 44 pour l'Afrique, et 2211 pour la planète (mai 2010). Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), notait en mars dernier que les banques de développement régional avaient un rôle à jouer dans l'accroissement de la participation des Africains à ce marché. La Boad entend ainsi, selon son président "d'ici à la fin de l'année" introduire "quelques produits" sur le marché carbone. Un moyen de générer des ressources pour des pays africains qui seront les premières victimes du changement climatique et qui n'ont pas les capacités techniques et financières de faire face au phénomène. Le projet lié au traitement des déchets de la décharge publique d'Akuedo, la plus importante de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, devrait être l'un des premiers produits proposés par la Boad sur le marché carbone. Il permettra de récupérer du méthane, qui dans certains cas, peut servir à produire de l'électricité. Ce type de projet, selon le PNUE, qui transforme le méthane en électricité est le plus prisé sur le continent africain. Il compte pour 20% des projets MDP africains. Afin de faciliter l'accès au marché du carbone, la Boad a entrepris de former ses Etats membres à leur exécution. Le fonctionnement du marché du carbone reste en effet complexe. Les pays africains qui ont les potentiels, énergétiques ou forestiers entre autres, pour tirer profit de ce marché sont quelque peu dépourvus face aux standards imposés et le coût élevé du développement de projets éligibles. A cela s'ajoute le fait qu'ils aient une importante composante industrielle. Ce qui explique que des pays comme la Chine et l'Inde soient des champions sur ce marché.