Les participants au 2e Sommet international islamique des affaires et des finances qui s'est ouvert lundi à Kazan, capitale de la République russe du Tatarstan, ont estimé que le système financier classique actuelle fortement basé sur la spéculation et les flux fictifs a montré ses limites. Dans ce sens, de réelles perspectives de développement s'offrent pour la finance islamique. Le système financier islamique qui n'est pas basé sur la recherche du profit suscite de plus en plus d'intérêt ce qui laisse entrevoir son développement rapide, selon les participants au sommet dont la cérémonie d'ouverture s'est déroulée en présence, notamment du président du Tatarstan, Roustam Minnikhanov, de l'ex-Premier ministre malaisien et président de l'Alliance globale pour le partenariat dans le développement international (GAPID), Mohamad Mahathir, du député de la Douma chambre basse du Parlement russe), Khafiz Salikhov, d'un membre de la chambre des Lords du Royaume-Uni , Mohamed Iltaf Cheikh et de représentants de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Il faut dire que la finance islamique promeut l'investissement dans des actifs tangibles : les investissements doivent être adossés à des actifs réels. Au-delà de ce premier critère discriminant, les financiers musulmans ne dérogent pas à une règle d'or : le banquier n'est pas prêteur mais co-investisseur et donc partenaire du projet financé. Ses revenus correspondront à une quote-part des résultats issus du projet financé. L'exigence d'un audit approfondi des potentiels projets à financer ainsi que l'accompagnement des entrepreneurs pendant les phases de recherche, de lancement et de vie de projet permettent d'éviter une dilapidation de capitaux reçus et une gestion qui s'est, jusqu'alors, révélée salutaire. Le très célèbre principe des 3P (Partage des Pertes et Profits) conduit de manière systématique, le banquier (investisseur) à une vigilance accrue quant à la pertinence du projet financé. La différence de comportement entre l'investisseur " islamique " et l'investisseur " classique " en matière de bourse pourrait être explicitée en deux points. Le premier est investisseur à moyen et long termes, l'autre est, le plus souvent, spéculateur de court terme, profitant des écarts de cours sur un titre. D'ailleurs certains savants musulmans ont pu émettre l'idée de cycle d'investissement concernant l'achat d'actions. La durée de détention d'un titre de société intervenant dans le domaine agricole pourra par exemple correspondre au temps nécessaire pour semer, récolter et commercialiser. La décision de vente du titre sera alors justifiée par une véritable stratégie d'investissement mesurée par le retour sur investissement post-cycle de récolte. Dans leur ensemble, les principes majeurs de la finance islamique, sans se targuer d'être des antidotes absolus pour l'ensemble des maux, constituent un corpus de normes dont la vocation profondément éthique permet de fixer de solides garde-fous aux acteurs de la sphère financière. Evoquant certains problèmes générés par le système financier actuel qui pénalisent les pays en développement, plusieurs intervenants, notamment l'ex-Premier ministre malaisien, ont évoqué à titre d'exemple les difficultés rencontrées par les Etats ayant eu recours à la Banque mondiale (BM) et/ou au Fonds monétaire international (FMI). Ces institutions financières "ne nous aident pas à développer notre économie. Bien au contraire elles ne font qu'aggraver notre situation puisque nos recettes qui devraient normalement servir à financer les importations de biens et services nécessaires au développement, sont utilisées pour rembourser la dette, ou pire encore, le service de la dette", a-t-il déploré. De son côté, Lord Mohamed iltaf Cheikh du Royaume Uni, a souligné que la crise qui secoue l'économie mondiale a été générée par "l'irresponsabilité" des décideurs qui sont à la tête du système financier qui a prévalu jusque là. "Il est grand temps de changer l'architecture de ce système", a-t-il estimé, affirmant que le système financier basé sur les principes de l'Islam, permet d'éviter nombre de problèmes, ce qui lui offre de grandes opportunités de développement. Selon lui, ce qui est important aujourd'hui "c'est la volonté politique de développer ce système à travers le monde, car en fait, le marché financier islamique est très prometteur compte tenu des importantes potentialités qu'il recèle". Cependant, pour promouvoir davantage le système financier islamique qui connaît d'ores et déjà un développement rapide, il est nécessaire de "renforcer les actions visant à expliquer aux opérateurs à travers le monde les principes et règles régissant ce système et les conditions d'accès aux services qu'il offre aux investisseurs et hommes d'affaires", a-t-il ajouté. Il faut noter que la finance islamique, qui a bien résisté à la crise financière mondiale, devrait maintenir sa croissance soutenue en 2010, a prévu l'agence de notation Standard and Poor's (S&P. La finance islamique brasse des flux de 840 milliards de dollars avec une croissance annuelle d'environ 15 %. Selon Anass Patel, président de l'Aidimm, le marché de la finance islamique mondiale pourrait atteindre les 1 000 milliards de dollars dès 2010 et beaucoup plus par la suite d'après les spécialistes. Plus de la moitié de ce marché est détenue par les banques commerciales. Le reste du marché est composé des boutiques de banques d'affaires pures comme les fonds de capital-investissement ou immobiliers, des fenêtres islamiques des banques conventionnelles internationales et des produits islamiques tels que le takaful (assurance), des sukuk (titres d'investissement). Par ailleurs, les pays qui ont des parts de marché de finance islamique importantes sont pour la plupart des pays dont le système bancaire islamique est très développé, démontrant s'il en était besoin, que c'est le marché de détail qui permet à la banque islamique de mieux établir sa présence.