Le maintien des prix du pétrole à un niveau "plus modeste" que les 80 dollars souhaités par l'Opep serait profitable à l'économie et au marché pétrolier, a estimé hier dans son rapport mensuel le cabinet CGES, alors que l'or noir a perdu 17% de sa valeur en moins d'un mois. "L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'est persuadée elle-même que des cours pétroliers autour de 80 dollars sont à la fois “justes” et tenables, et ce point de vue a trouvé un soutien de la part des compagnies pétrolières internationales, qui ne laisseront jamais passer la perspective d'engranger d'énormes profits d'exploitation", écrivent les experts du cabinet londonien Centre for Global Energy Studies (CGES). Implicitement, le cabinet fondé par l'ancien ministre saoudien du Pétrole cheikh Zaki Yamani conteste ce niveau de prix, le jugeant dangereux pour la reprise. "Bien que la crise de l'euro n'ait pas été déclenchée par les prix du pétrole, aspirer à des prix plus modestes pendant une période serait profitable à la fois à la reprise économique mondiale et à la santé à long terme du marché pétrolier", écrivent ses experts. Leur souhait a commencé à se réaliser en raison de la crise budgétaire européenne: les prix du brut ont cédé 17% de leur valeur en l'espace de 4 semaines, passant de 85 à 70 dollars à Londres, alors que l'optimisme était balayé. "La crainte d'un nouveau ralentissement économique en Europe et en Amérique du Nord ont ramené fermement l'attention du marché vers les pays développés. L'idée largement partagée que la récession serait courte et violente, en forme de V (suivie d'un rebond vigoureux, ndlr), est maintenant mise en cause, tandis que la perspective d'un récession en double creux se profile de nouveau", explique le cabinet. Pour le marché pétrolier, la demande repose essentiellement sur la Chine, alors les consommateurs européens et américains restent "prudents", observe le CGES. "Un ralentissement de la croissance économique chinoise ôterait d'un coup au marché pétrolier l'unique facteur soutenant la demande", s'inquiètent ses experts. La vigueur de la consommation chinoise est donc "l'un des points positifs" sur un marché qui a vu à nouveau les stocks de brut et de produits pétroliers gonfler. Notons que les prix du pétrole rebondissaient timidement lundi à l'ouverture des échanges à New York, après avoir perdu environ 20% de leur valeur depuis le début du mois, sur un marché prudent face aux difficultés budgétaires de la zone euro. Vers 13H10 GMT/15h10 HEC, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en juillet s'échangeait à 70,52 dollars, en hausse de 48 cents par rapport à vendredi. "Le marché évolue dans une fourchette étroite, mais il reste nerveux face à la volatilité observée ces derniers temps sur les marchés financiers", ont observé les analystes de Barclays Capital. "Les informations concernant les questions de dette souveraine devraient continuer de dominer les mouvements du marché à court terme, mais dans le même temps, on continue de voir des signes d'amélioration de la demande, en particulier en Chine, au Moyen-Orient, dans le reste de l'Asie et aux Etats-Unis", ont-il ajouté. Les prix, qui avaient frôlé les 90 dollars fin avril, ont perdu depuis environ 18 dollars, soit 20% de leur valeur, alors que la crise de la dette européenne a jeté de profonds doutes sur la vigueur de la reprise mondiale et, par ricochet, sur les perspectives de demande d'or noir. Signe que les marchés restaient prudents lundi, l'euro effaçait une partie de son rebond de la fin de la semaine dernière, et revenait sous 1,24 dollar. L'attention se portait sur la situation financière en Espagne, où la banque centrale a dû procéder au sauvetage samedi de Cajasur, une caisse d'épargne du sud du pays que contrôlait jusqu'à présent l'Eglise catholique. Pour autant, les analystes de MF Global s'attendaient à voir "un recul de la peur provoquer des achats à bon compte sur les marchés à risque", comme les matières premières. "Les prix seront soutenus par des signes que le pire scénario est désormais pris en compte dans les prix, que la situation financière en Europe pourrait s'améliorer. Ils sont aussi soutenus par l'augmentation de la demande de pétrole que l'on a constatée ces derniers temps", ont-ils expliqué.