Lors d'une journée de coordination sur la mise en oeuvre de la stratégie d'approvisionnement du marché national en produits de large consommation, le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada, a sollicité, jeudi, à Alger, les opérateurs économiques privés, opérant dans l'agroalimentaire de base, à assumer leur mission de service public conformément à l'activité commerciale lucrative qu'ils exercent. A cette occasion, M. Benbada estime que les producteurs et importateurs exerçant dans cette filière "doivent adopter la vocation citoyenne et de service public notamment lors des situations d'emballement des prix et de perturbation du marché". Pour l'atteindre, le ministre a promis "une coordination positive avec ces opérateurs à travers la création de cellules d'écoute et le développement d'un dispositif juridique et relationnel à même de leur épargner des efforts et des coûts inutiles". La quasi-totalité des interrogations et des doléances des opérateurs économiques présents à la rencontre pointent du doigt la lourdeur des procédures douanières et bancaires. "Nous passons plus de 15 jours à attendre pour avoir l'autorisation de la franchise d'importation, ce qui nous affecte d'un impact financier important", s'est offusqué M. Djafar Ould Amer, représentant d'une entreprise de boissons. "Sachant que 90% de nos entrants proviennent des importations, imaginez l'impact des surcoûts du dédouanement sur les prix de nos produits", a-t-il poursuivi. Abordant le même obstacle, le représentant de l'Association des exportateurs algériens, M. Ali Bey Nasri, a souligné que la franchise douanière "doit obéir au principe de protection de l'économie nationale. Elle doit donc être très souple et non pas contraignante et source de surcoûts". Pour sa part, M. Faouzi Belkadi qui exerce dans la production laitière trouve aberrante "la taxation des produits finis par les surcoûts de la lenteur des procédures douanières" chose qui fait que "leurs prix augmentent malgré le maintien des mêmes marges de bénéfice", scande-t-il. Dans ce contexte, l'opérateur privé a également suggéré que l'opération d'étiquetage des marchandises destinées à la transformation "se limite au niveau des Douanes au lieu de continuer à être exigée parallèlement par l'administration de l'agriculture". Il a aussi proposé l'octroi d'une franchise pour trois mois pour éviter les retards causés par la délivrance de l'autorisation de franchise pour chaque opération. Selon Omar Sebai, un importateur de produits agroalimentaires, qui indique, quant à lui, que "l'allongement extraordinaire des délais de dédouanement, à partir de l'année en cours, a fait multiplié par six les frais de cette opération". "Je me demande pourquoi les Douanes nous exigent, à titre d'exemple, une expertise qui montre la part de l'Arabica et de la Robusta dans le café que nous importons", s'est-il interrogé en estimant que cette expertise était "inutile, prend deux semaines pour être réalisée et n'est pratiquée nulle part ailleurs", a t-il ajouté. Prenant parole, le patron du groupe Cevital, Issad Rabrab estime, en revanche, que le marché algérien se caractérisait par une "concurrence féroce loin de tout monopole, ce qui pousse l'opérateur à faire de son mieux au profit du consommateur". Pour autant, M. Rabrab a profité d' annoncer que les prix du sucre et de l'huile "vont connaître une baisse durant le Ramadhan". Pour rappel, les deux textes de lois relatifs aux pratiques commerciales et à la concurrence, devant assurer une meilleure régulation du marché national, ont été adoptés mercredi par la chambre haute du Parlement. A ce titre, la loi sur la concurrence étend à 15 les produits dits de base et de large consommation.