Le développement de la culture du jatropha, une plante sauvage originaire d'Amérique latine, pourrait permettre de fabriquer du carburant dans les zones semi-arides des pays en voie de développement, a estimé jeudi l'Organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture. "Le jatropha pourrait devenir une culture à haut rendement, productive sur des sols dégradés et salins dans les zones sujettes à de faibles précipitations", selon le rapport publié par la FAO, dont le siège est à Rome, en commun avec le Fonds international pour le Développement agricole (Fida). Le rapport souligne que la jatropha est encore, pour l'instant, une plante sauvage qui nécessite une amélioration et que la plupart des investissements réels et des décisions politiques pour le développement de cette culture comme culture énergétique ont été engagées sans un fondement scientifique. "La compréhension du véritable potentiel de la jatropha requiert de faire la distinction entre les faits, les déclarations et les suppositions", souligne l'étude. Les graines de jatropha peuvent être transformées en biocarburant moins polluant que les hydrocarbures pour donner un léger combustible de cuisine pour les familles rurales pauvres. Les tourteaux, un résidu de cette transformation, sont un précieux engrais et un aliment de bétail après désintoxication. Contrairement à la plupart des cultures énergétiques telles que le maïs, la jatropha n'est pas destinée à l'alimentation et elle peut être cultivée sur des terres pauvres peu propices à une culture vivrière. En 2008, la jatropha a été plantée sur environ 900.000 hectares à travers le monde, 760.000 hectares en Asie, 120.000 en Afrique et 20.000 en Amérique latine. Cependant, pour obtenir des récoltes durables sur les sols pauvres dans les zones arides, les intrants tels que l'eau et les engrais sont nécessaires. Les petits producteurs, particulièrement les usines de trituration d'huile et les membres des communautés de planteurs ou les employés des plantations de jatropha, peuvent gagner leur vie dans la production de cette culture. La culture de jatropha serait particulièrement bénéfique aux femmes parce que les machines de trituration fonctionnant au fuel de jatropha réduisent leur volume de travail, souligne le rapport. Selon le rapport, le jatropha est le mieux adapté aux zones arides et reculées où la production vivrière n'est pas compétitive étant donné le prix élevé des intrants, comme les engrais et les coûts du transport. Toutefois, pour obtenir des rendements durables sur les sols dégradés de zones arides, il faut de l'eau et des engrais. Ce sont, en particulier, les petits exploitants, les petites plantations satellites et les membres des systèmes de plantations communautaires qui peuvent tirer des revenus de son exploitation. Les cultures de jatropha présenteraient des avantages tout particulièrement pour les femmes, car les machines d'extraction, qui fonctionnent avec des moteurs alimentés à l'huile de jatropha, réduisent leur charge de travail. Remplacer les combustibles traditionnels de cuisson issus de la biomasse par des fourneaux alimentés à l'huile de jatropha leur serait également bénéfique car elles cuisineraient dans un environnement sans fumée et gagneraient du temps en n'étant plus contraintes d'aller ramasser du bois de feu. De surcroît, l'utilisation réduite de combustible ligneux atténuerait la pression exercée sur les ressources forestières. "Le jatropha pourrait devenir une culture à haut rendement, productive sur des sols dégradés et salins dans les zones sujettes à de faibles précipitations", fait remarquer le rapport FAO/FIDA. "Ses sous-produits pourraient servir d'engrais, d'aliments pour le bétail, ou de matière première pour le biogaz, et son huile peut avoir d'autres débouchés, comme la fabrication de savon, de pesticides et les utilisations médicinales. Sans oublier que le jatropha contribuerait à inverser la dégradation des sols". Cependant, l'étude FAO/FIDA souligne également que, vu que les améliorations limitées dont a fait objet le jatropha, les rendements de ses graines, sa teneur en huile et sa qualité sont extrêmement variables. La plupart des plantes de jatropha cultivées à l'heure actuelle sont toxiques; elles ne sont donc pas adaptées à l'alimentation animale et peuvent présenter un risque pour la santé de l'homme. Le rapport affirme qu'il faut soutenir la recherche pour obtenir de meilleures variétés de jatropha non toxiques, pour améliorer la qualité des graines et les pratiques agronomiques, y compris l'agriculture de conservation et la gestion intégrée des ravageurs et des nutriments.