Au Canada, en comparaison, la perte nette de 9300 emplois mesurée en juillet par rapport à juin s'avère presque un accroc statistique, après des mois de création d'emplois. "La tendance de l'emploi demeure excellente, et tout porte à croire que d'autres gains seront observés au cours des prochains mois. Le Canada est sur le point de combler totalement les emplois perdus durant la récession", observe Benoît Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. À la Banque Nationale, l'économiste Yanick Desnoyers estime aussi que "malgré les chiffres légèrement négatifs, le rapport de juillet n'est d'aucune manière un indice de faiblesse du marché du travail canadien." Pourtant, la perte de 139 000 postes à temps plein en juillet, telle que mesurée par Statistique Canada, pourrait suggérer un ralentissement de la reprise économique. Et au Québec, en particulier, où la perte de 20 900 emplois en juillet la pire parmi les provinces - contraste avec le regain fort des derniers mois. Le taux de chômage au Québec est d'ailleurs remonté de 7,8% en juin à 8,2% en juillet Il dépasse désormais le taux pancanadien (8%) mais demeure inférieur au taux ontarien (8,4%). Toutefois, parce qu'une part inhabituelle des pertes d'emploi de juillet seraient survenues en éducation, en pleines vacances d'été, les économistes doutent de la signification réelle de ces données. "La baisse de l'emploi en juillet est la première à survenir depuis le début de l'année. Elle ne signale pas encore un changement fondamental dans l'économie, même que le nombre élevé de pertes d'emplois en éducation apparaît comme une anomalie saisonnière", selon Douglas Porter, économiste à la Banque de Montréal (BMO). En contrepartie des pertes d'emplois à temps pleins, un nombre relativement élevé de 129 700 postes à temps partiel ont été créés en juillet au Canada. Aussi, parmi les secteurs fragiles de l'économie, celui de la fabrication de biens a encore créé 40 000 emplois en juillet. "Somme toute, le rapport de l'emploi au Canada en juillet n'a rien d'alarmant. Pour le reste de l'année, nous prévoyons que l'emploi se maintiendra à un niveau relativement élevé, avec des gains mensuels moyens d'environ 18 000 postes", selon Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Il est peut-être normal que les chiffres de juillet soient moins bons car la tendance récente était une très forte croissance. En juin, les 93 200 emplois créés avaient surpris tout le monde. Douglas Porter, économiste pour BMO Marchés des capitaux, réagit en disant "quelle douche froide de réalité". S'il n'est pas surpris par les chiffres, M. Porter note que la perte d'emplois à temps plein efface presque les gains des trois derniers mois. "Le marché du travail était dû pour un peu de refroidissement.Les gains printaniers étaient trop beaux pour être vrais. Si cela marque le premier recul depuis décembre, nous ne croyons pas que cela signale un changement fondamental dans l'économie." "Le portrait d'ensemble demeure, les emplois perdus pendant la récession ont été regagnés en à peu près un an". Le Canada a peut-être subi une perte d'emplois en juillet dernier, mais les économistes ayant décortiqué les données de Statistique Canada n'y voient rien d'inquiétant. D'une part, ils soulignent que les pertes découlent surtout d'un fort recul dans le secteur de l'enseignement, ce qui pourrait n'être que saisonnier. Également, on constate que le secteur manufacturier, hautement cyclique, a connu une bonne progression.