Les adjudications de dettes irlandaise et espagnole ont connu un franc succès mardi, apaisant certaines inquiétudes relatives à la santé financière des pays de la zone euro confrontés à un endettement élevé, dans un contexte de faible croissance. La vente de dette à échéance 2014 et 2020 faisait figure de test pour mesurer l'intérêt des investisseurs, l'Irlande ayant dû faire face à des coûts importants pour réformer son secteur bancaire. Dublin a facilement atteint son objectif à 1,5 milliard d'euros, attirant au total 5,1 milliards d'euros, ce qui représente la plus forte demande au cours d'une adjudication cette année. L'euro a réagi positivement à cette information, regagnant du terrain face au dollar et au yen. "C'est bien mieux que ce qu'attendaient les marchés et on assiste à un certain soulagement, l'Irlande ayant réussi à vendre ses obligations, ce qui fait légèrement rebondir l'euro", explique Ian Stannard, stratégiste chez BNP Paribas. Le rendement moyen de l'obligation de référence à 10 ans était de 5,386% lors de cette adjudication, un taux légèrement inférieur à celui de l'adjudication de juillet, à 5,537%. Le rendement de l'obligation 2014 était en revanche plus élevé qu'au mois de mai, reflétant la crainte persistante de voir l'Irlande sombrer dans un crise similaire à celle que connaît la Grèce. "Le recul des rendements allemands à leur plus bas niveau depuis plusieurs décennies a contribué au creusement des spreads entre les obligations irlandaises et allemandes, mais il est significatif que le rendement absolu atteint aujourd'hui sur l'obligation de référence à 10 ans a été moins élevé que lors de l'adjudication du mois dernier", a déclaré Anthony Linehan, vice-directeur des fonds à l'Agence nationale chargée de la gestion du Trésor irlandais (NTMA). Pou rappel, l'Irlande a pris des mesures drastiques pour réduire ses dépenses budgétaires. Cette démarche lui a permis de lever 18,3 milliards d'euros du marché obligataire depuis le début de l'année. Autre pays surveillé étroitement par les investisseurs, l'Espagne a adjugé de son côté 5,51 milliards d'euros de dette, un montant situé dans le haut de la fourchette de ses objectifs, entre 4,5 et 5,5 milliards d'euros. Les rendements de ses obligations ont diminué par rapport à juillet. Ainsi, la prime que les investisseurs demandent pour détenir de la dette irlandaise à dix ans plutôt que des emprunts souverains allemands de même échéance a atteint lundi un plus haut de trois mois en prévision d'une adjudication.L'écart de rendement entre les dettes irlandaise et allemande s'est accru en ressortant à 314 points de base (pdb), contre 303 pdb vendredi, atteignant son plus haut niveau depuis le 10 mai, jour où la Banque centrale européenne avait commencé à racheter des titres de dette, notamment irlandais. "La Grèce a également constaté un élargissement des spreads un peu plus tôt", a commenté un courtier à Londres, tout en soulignant que le volume des transactions est réduit.