Les 10 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), liés par les accords de production du groupe, ont produit une moyenne de 26,54 millions de barils par jour (b/j) en mars, a indiqué une enquête Platts le 11 avril. C'est un résultat de 80 000 b/j inférieur aux 26,62 millions b/j de février, mais tout de même 740 000 b/j de plus que l'objectif de production de 25,8 millions b/j que vise le groupe. La production totale des 12 membres, y compris l'Irak qui ne participe pas aux pactes de l'OPEP et l'Angola qui a rejoint le groupe au début de l'année, a chuté de 70 000 b/j pour atteindre 30,11 millions b/j, selon l'évaluation de l'enquête. Il n'y a certainement pas de signe que l'augmentation des prix pousse les producteurs de l'OPEP à mettre davantage de pétrole sur le marché , déclarait John Kingston, le directeur du pétrole chez Platts Global. Au contraire, les démarches que le groupe a entreprises il y a plusieurs mois pour restreindre la production demeurent en place. Et avec les troisième et quatrième trimestres, historiquement des périodes de croissance de la demande, qui arrivent dans quelques mois seulement, le groupe sera bientôt confronté à la question de savoir si oui ou non il metra davantage de pétrole sur le marché. Parmi les 10 de l'OPEP, il y a eu quelques légères augmentations de la production de la part de l'Indonésie et des Émirats arabes unis (ÉAU), mais le Nigeria a connu une chute de sa production globale d'environ 100 000 b/j suite à la dernière attaque contre les installations pétrolières dans le Delta du Niger. Les volumes irakiens étaient légèrement à la baisse en février, alors que la production en Angola continuait à augmenter. Les ministres de l'OPEP se sont accordés en octobre dernier pour retirer 1,2 millions b/j de brut des marchés internationaux du pétrole au début novembre, avançant que l'offre était largement supérieure à la demande, et fixant un objectif de production de 26,3 millions b/j. En décembre, ils se sont mis d'accord sur une nouvelle baisse de 500 000 b/j à partir de février, amenant l'objectif de production à 25,8 millions b/j. Ces réductions se basaient sur la production estimée de 27,5 millions b/j en septembre. La dernière enquête indique que les 10 de l'OPEP ont réduit l'offre de quelque 1,27 millions b/j depuis septembre, alors que Platts estimait la production fixe à 27,81 millions b/j. Il en reste néanmoins que les cours du pétrole sont restés fermes atteignant même un plus haut depuis sept mois à Londres, au terme d'une semaine marquée par un nouveau recul des stocks d'essence et une mise en garde de l'AIE sur l'insuffisance de l'offre face à la demande mondiale. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai a reculé de 22 cents, clôturant à 63,63 dollars.Sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, le baril de brent de la mer du Nord a pris 25 cents à 68,97 dollars sur l'échéance de mai (dernier jour de contrat), après être monté jusqu'à 69,59 dollars, un plus haut depuis le 1er septembre. La différence des cours s'explique par un série d'incidents survenus dans diverses raffineries américaines, qui s'est soldée par une accumulation de brut dans les stocks américains, mettant les cours sous pression. La raffinerie de Total à Port-Arthur au Texas, celle de Citgo à Lake Charles en Louisiane, et de ConocoPhillipps à Wilmington en Californie rencontrent des difficultés, alors que la raffinerie MacKee de Valero au Texas ne devrait pas retrouver toutes ses capacités de fonctionnement avant la fin de l'été, a indiqué Phil Flynn, d'Alaron Trading. Des problèmes à répétition que John Kilduff, analyste de la Fimat, attribuait au "vieillissement des infrastructures". Ces incidents expliquent en partie le recul des stocks d'essence américains, qui ont fondu en neuf semaines de 27,5 millions de baril aux Etats-Unis, soit 12%, un peu plus d'un mois seulement avant le début de la saison des grands déplacements en voiture. "Les problèmes des raffineries couplés à des importations inférieures à la normale ne permettent pas de répondre à la demande qui continue de soutenir les cours de l'essence", a indiqué James Williams, de WTRG Energy. Selon l'analyste, "les prix à l'importation des produits raffinés comme l'essence sont influencés par les cours plus élevés du brent qui constituent la référence du marché au niveau international". Or "ces cours élevés sont une bonne raison pour les entreprises qui possèdent leurs propres raffineries, actuellement en maintenance, de retarder leurs importations et de laisser leurs stocks d'essence s'amenuiser, espérant tirer avantage du différentiel entre les cours du brut et de l'essence, dès qu'elles fonctionneront à nouveau", a poursuivi l'analyste.