La classe politique est en état permanent de campagne électorale. Dès qu'une élection est passée qu'elle pense déjà à celle qui surviendra après et qui, dans l'esprit, sera toujours pour bientôt. Cela ne signifie pas pour autant que les partis sont en train constamment d'expliquer leur programme économique ou les axes stratégiques autour desquels ils comptent bien faire articuler leur campagne d'explication sur ce qu'ils comptent faire en la matière aux commandes de l'Etat, si les électeurs leur accordent leurs faveurs. Il est dommage que cette préoccupation d'expliquer leur programme économique ne relève pas de la tradition et qu'elle n'est manifestée seulement qu'à l'occasion des consultations électorales, comme l'avait d'ailleurs relevé le président de la République lui-même. Et cela est valable pour tous les partis. La campagne électorale sera ouverte incessamment. Il faudrait normalement s'attendre à ce que les différents aspects des programmes des partis portant sur l'économie fassent l'objet d'une large explication. Il faudrait également s'attendre à ce que la corruption soit largement abordée. Mais, y aura-t-il beaucoup d'explications sur les modes opératoires ? Dommage que nous ne soyons pas dans une situation où il sera demandé aux partis de chiffrer le coût de leur programme, cela n'étant pas encore devenu une tradition. Les partis dits lourds ont, pour certains d'entre eux, passé un test d'économie devant le Forum des chefs d'entreprise. Nous n'en connaissons pas encore les résultats. Mais c'est quand même une nouveauté qui promet de s'inscrire dans la tradition. Il y a des partis, tels ceux de l'alliance présidentielle, qui ont fait l'apprentissage des contraintes de la gestion réelle. Ceux-là ne pourront normalement pas verser dans les promesses qu'ils savent ne pas pouvoir tenir. Par contre, les partis de l'opposition pourront à satiété faire toutes les promesses qu'ils voudront, ne sachant pas exactement s'ils auront ou non les moyens de les tenir, n'ayant jamais été confrontés aux contraintes de la gestion des affaires étatiques. Mais, cependant, ils ne sont pas gênés de tenter de mettre en difficulté les partis de l'alliance présidentielle lorsqu'ils relèvent ce qu'ils perçoivent comme étant les faiblesses de la gestion par l'exécutif, en particulier sur la question des salaires. Isoler par exemple les revendications sociales ainsi que les efforts fournis à trouver à celles-ci des réponses satisfaisantes des questions politiques et même partisanes ne rendrait pas compte des réalités de la configuration politique et économique actuelle. L'Algérie ne fait pas exception des pays dont on prend pour référence les démocraties avancées et où derrière chaque revendication exprimée au sein de la société civile, notamment pour ce qui a trait au pouvoir d'achat et même pour les questions de sécurité, il est impossible de faire abstraction des visées politiques et même politiciennes. La position des partis de l'alliance présidentielle dans ces élections législatives peut être à la fois une action explicative de leur bilan à l'exécutif et une présentation de ce qu'ils comptent faire en cas de succès à ces élections, tandis que l'opposition se trouve dans une situation peut être un peu plus confortable dans la mesure où elle ne dispose pas de bilan à défendre. Les partis seront dans l'obligation de trouver un compromis entre un long terme socioéconomique qui exige de la rigueur et des sacrifices et un court terme politique qui exige même parfois l'usage de la démagogie pour attirer les électeurs.