La pénurie qui touche certains produits pharmaceutiques est due, en partie, à l'existence de pratiques spéculatives parmi les importateurs et les distributeurs. C'est ce qu'a fait savoir, hier à Alger, Benbahmed Lotfi, vice- président du Conseil de l'ordre des pharmaciens. S'exprimant en marge des travaux des III èmes journées de la pharmacie hospitalière, qui se tiennent hier et aujourd'hui, à l'hôtel El Aurassi, Benbahmed a appelé que "l'ensemble de la corporation des pharmaciens a dénoncer et à déposer des plaintes contre les auteurs de ces pratiques spéculatives." Invité à donner plus de détails au sujet de ces pratiques illégales, il avancera qu'un certain nombre d'importateurs et d'opérateurs dans la distribution font dans la rétention des médicaments qui connaissent une forte demande sur le marché algérien. Plus loin encore, le vice président de l'Ordre des pharmaciens, a affirmé que " certains de ces spéculateurs imposent aux officines d'acheter des produits dont elles n'ont pas besoin pour pouvoir se procurer des médicaments très demandés par leurs clientèle. " Ceci, a-t-il expliqué, en prenant en compte les médicaments qui assurent à ces spéculateurs d'importantes marges de bénéfices. Le même intervenant a estimé que les pénuries sont le résultat de la croissance du volume de consommation. "les besoins annuels en médicaments sont passé de 30 dollars par individu, il y a quelques année, à 60 dollars actuellement ", a-t-il avancé. Selon lui, le manque de certains médicaments n'est pas lié à l'interdiction de l'importation des médicaments dont le générique est fabriqué en Algérie. "Le problème n'est pas dans le fait d'interdire l'importation mais plutôt dans la mise en place des programmes d'importation des médicaments.", a-t-il dit. Et d'ajouter, dans le même sillage, que "les laboratoires étrangers ne répondent pas à l'exigence algérienne d'avoir des stocks stratégiques de 3 mois". La professionnalisation du marché du médicament exige la mise en place d'une nouvelle réglementation, a considéré Lotfi Benahmed. "Nous fonctionnons toujours selon d'anciens textes alors que beaucoup de donnes ont changé dans le marché du médicament ", a-t-il indiqué. Le marché du médicament a besoin d'une réorganisation de ses circuits en prenant en compte les changements qui se sont opérés au cours des dernières années. Il est question, a-t-il précisé, de "la croissance du volume de consommation et l'apparition de nouvelles maladies ". Interrogé sur la circulaire du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, portant obligation à tous les producteurs de créer leurs propre réseau de distribution, Benbahmed répondra que l'Ordre des Pharmaciens n'a pas encore examiné cette décision. Il a estimé, toutefois, que cette circulaire est de nature a "compliquer le travail des producteurs car la distribution nécessite toute une logistique ". La distribution ne pose pas vraiment problème, selon lui. Pour preuve, arguera-t-il, le vaccin antigrippal arrive aux officines, 24 heures après sa sortie de l'institut Pasteur. Benbahmed est revenu, d'autre part, sur l'ancienne revendication du Conseil de l'ordre des pharmaciens qui avait appelé à la création de l'Agence du médicament. Un organisme qui permettra, selon lui, "de réguler le marché et de mettre en place une politique du médicamen ". Il convient de rappeler, à ce sujet, que la création de l'Agence du médicament a été annoncée, il y a quelques années, mais le projet n'a pas eu malheureusement de suite concrète. L'agence en question servait, entre autres, d' "outil statistique fiable donnant aux producteurs algériens des prévisions exactes sur le volume des besoins en médicaments ".