Les cours du pétrole se repliaient, vendredi, en début d'échanges européens, pénalisés notamment par un rebond du dollar, sur un marché prudent avant l'annonce de la première estimation du Produit intérieur brut (PIB) américain pour le troisième trimestre. A New York, les prix du pétrole reculaient très légèrement, malgré l'annonce d'une accélération de la croissance des Etats-Unis au troisième trimestre, une nouvelle qui était anticipée. Vers 13H10 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre s'échangeait à 81,75 dollars, en baisse de 43 cents par rapport à la veille. Selon une première estimation publiée vendredi, le produit intérieur brut du pays a augmenté pendant les trois mois d'été de 2,0% en rythme annuel par rapport au deuxième trimestre. C'est plus qu'au trimestre précédent (+1,7%) et conforme aux attentes des économistes. Après cette annonce, les cours du brut ont réduit leurs pertes et se sont rapprochés de l'équilibre. Les chiffres de la croissance "éclaircissent les perspectives économiques", a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. "Cela rend les gens plus confiants en la reprise, même si elle est lente, et donc en la croissance de pétrole". Mais "le marché est tiraillé entre les nouvelles économiques et le besoin de savoir si le dollar est en hausse ou en baisse", a-t-il ajouté. La monnaie américaine, dont l'évolution rend le brut plus ou moins attractif pour les acheteurs munis d'autres devises, se stabilisait. Les investisseurs avaient attendu les chiffres de la croissance avec une attention particulière, à quelques jours d'une réunion de la banque centrale américaine (Fed), prévue mardi et mercredi, pendant laquelle elle devrait annoncer l'adoption de nouvelles mesures de relance monétaires. Un chiffre de la croissance éloigné des attentes du marché aurait pu altérer les prévisions des courtiers pour l'ampleur de ces mesures, qui prennent la forme d'achats de titres sur les marchés du crédit. "Le marché est concentré sur l'ampleur des mesures d'assouplissement monétaire, cela fait bouger le dollar, les matières premières", a relevé Phil Flynn, de PFG Best. "Le marché pétrolier y est moins sensible, en raison de l'augmentation de l'offre", qui pousse les cours à la baisse. Les cours du baril avaient enregistré la veille un petit rebond encouragé par l'affaiblissement de la devise américaine et des indicateurs économiques favorables en Europe comme aux Etats-Unis, mais ils rechutaient vendredi, pénalisés par un nouveau renchérissement du billet vert. Pour Filip Petersson, analyste de la banque SEB, "les prix du brut étaient sous la pression de marchés boursiers ternes et du renforcement du dollar", ce dernier étant propre à rendre moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollars, dont l'or noir, pour les investisseurs détenant d'autres devises. "Des indicateurs inquiétants" au Japon, où la production industrielle et les prix ont continué de baisser en septembre sur fond de consommation stagnante, étaient à même de conforter la morosité des opérateurs, ajoutait M. Petersson. Cependant, le volume d'échanges limité reflétait la prudence des investisseurs avant l'annonce de la première estimation du PIB des Etats-Unis pour le troisième trimestre. "Ce sera le centre d'attention du marché aujourd'hui: puisque c'est la dernière publication majeure avant la réunion la semaine prochaine de la Réserve fédérale américaine (Fed), ce chiffre pourrait avoir un impact important sur les prévisions quant à l'ampleur" des nouvelles mesures d'assouplissement monétaire que pourrait prendre l'institution pour aider l'économie, expliquait M. Petersson. Les spéculations sur la mise en place de ces mesures et sur leur ampleur ont lourdement pesé sur le dollar depuis un mois, contribuant à faire nettement grimper les cours du pétrole, mais ces derniers pourraient retomber brutalement si la Fed adoptait des mesures moins importantes qu'attendu. La surabondance de l'offre disponible, que reflète le niveau historiquement élevé des stocks de brut aux Etats-Unis, "empêchent les cours du brut de remonter vers les 85 dollars, tandis que l'intérêt des investisseurs les empêchent de retomber sous le seuil de 80 dollars", commentaient les experts de Commerzbank. "Mais un chiffre du PIB plus faible (qu'attendu) renforcerait l'idée que les mesures d'assouplissements que pourrait annoncer la Fed la semaine prochaine seront considérables", et en pesant sur le billet vert, "cela supporterait les prix du pétrole", notaient-ils.