" Le prix de 90 dollars le baril de pétrole n'entravera pas la reprise de l'économie mondiale ", soutient Abdallah Salem El Badri, secrétaire général de l'Opep. El-Badri qui a affirmé, avant-hier, à Vienne, lors d'une conférence de presse organisée par le secrétariat général de l'organisation et rapportée par le quotidien arabophone, Asharq el Awsat, que "le pétrole restera la principale source d'énergie d'ici à 2030 voire 2050 et sans concurrent". L'Opep qui vient de relever sa prévision de demande de brut pour 2015 à 91 millions de barils par jour (mbj), chiffre qui est supérieur de 0,8 mbj aux estimations du rapport 2009 du cartel, qui fournit environ 40% du brut mondial, a, par la voix de son secrétaire général qui comme pour rassurer les pays consommateurs, tenu à indiquer que "le pétrole qui ne risque pas d'atteindre cette année et celle d'après la barre des 100 dollars, mais restera la force dominante en tant que principale source mondiale d'énergie au-delà de 2030, voire jusqu'en 2050". L'Opep détient 80% des réserves de brut mondiales estimées aux environ de 1.340 milliards de barils et dont les réserves prouvées par ses membres au 31 décembre 2009 en excluant de ces chiffres les objectifs de production de l'Irak, qui a récemment annoncé vouloir pomper 10 à 12 mbj d'ici six ans contre 2,3 mbj aujourd'hui, avaient augmenté de 41 milliards de barils par rapport à fin 2008 avec des réserves s'élevant à 1.064,3 milliards de barils. El Badri, qui revient sur l'impact de la récession qui a laissé des traces, affirme que " le niveau de demande de 2007 ne sera pas atteint d'ici 2011 " en établissant la prévision pour fin 2010 à 85,5 mbj. Les projections faites sur le long terme poussent l'Opep à revoir à la hausse sa prévision de demande pour 2030, à 105,5 mbj. En moyenne, la croissance de la demande d'or noir sera de 1 mbj par an, soutenant une croissance "robuste" de 3,5% du PIB en moyenne sur la période 2010-2030, anticipe l'organisation qui regroupe 12 pays. Celle-ci base son scénario sur un maintien des cours du brut dans une fourchette "entre 75 et 85 dollars jusqu'en 2020" puis sur une hausse "jusqu'à 106 dollars vers 2030". "Il s'agit d'hypothèses, pas de prix souhaités", a précisé Abdallah Salem El-Badri. Revenant sur les capacités de production de l'organisation des pays producteurs de pétrole à fournir un approvisionnement suffisant, El Badri indique que son organisation " a besoin d'une vision claire afin d'assurer la sécurité de la demande et encourager les pays producteurs à investir davantage dans l'industrie pétrolière ". D'autant, affirme-t il, " que ces pays, en développement ou pauvres ont besoin de canaliser leurs revenus pétroliers pour d'autres priorités, et sans que l'assurance au niveau de la demande mondiale de pétrole, ils ne seraient pas prêts d'investir sans limite. " Abdallah Salem El Badri a tenu aussi à préciser que " l'Opep n'est pas conçue pour déterminer le prix du pétrole " faisant remarquer que " les prix, même, en atteignant la barre des 90 dollars le baril, ne seront pas une entrave pour la croissance économique ". Le secrétaire général de l'Opep considère, cependant, que " même entre 75 et 85 dollars le prix du baril de pétrole est jugé approprié ", reconnaissant toutefois " les dangers de l'inflation en raison de la faiblesse du dollar ", qu'il a décrit comme ayant une incidence monétaire, en dépit du fait que certains pays de l'Opep préfèrent recevoir leurs revenus dans d'autres monnaies, en conformité avec les politiques nationales en dehors du champ d'application de l'Opep.