Les métaux précieux ont nettement grimpé cette semaine, l'or et l'argent se hissant à de nouveaux niveaux records, portés par le net affaiblissement du dollar suscité par l'annonce de mesures d'assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le métal jaune, stable en début de semaine, a vu son cours bondir de près de cinquante dollars entre mercredi et vendredi, franchissant pour la première fois le seuil des 1390 dollars et montant jusqu'à 1398,25 dollars vendredi, un nouveau record historique. L'annonce mercredi par la banque centrale américaine de son intention d'injecter 600 milliards de dollars supplémentaires dans l'économie via des rachats de bons du Trésor a lourdement pesé sur le dollar, tombé jeudi à son plus bas niveau depuis janvier face à l'euro, et dopé les métaux précieux, rendus plus attractifs par la dépréciation du billet vert. Ces mesures de la Fed pour relancer l'économie "laissent la porte ouverte pour un affaiblissement encore plus important de la monnaie américaine et de nouveaux records pour l'or, à mesure que les Etats-Unis vont faire chauffer la planche à billets", soulignait Filip Petersson, analyste de la banque SEB. Par ailleurs, la décision de la Fed pourrait renforcer les risques inflationnistes, déjà encouragés par des taux d'intérêt bas, "générant un environnement positif pour les cours de l'or", renchérissait Suki Cooper, de Barclays Capital. Le métal jaune, valeur refuge dont la valeur intrinsèque n'est adossée à aucun émetteur, est prisé des investisseurs souhaitant se prémunir contre l'inflation et la volatilité des devises. En outre, "plus que l'extension des rachats d'actifs programmés par la Fed, les opérateurs s'inquiétaient visiblement du fait que l'institution n'exclue pas de procéder ultérieurement à de nouvelles injections de liquidités sur le marché" si besoin était, ajoutaient les analystes de Commerzbank. Selon Mme Cooper, la hausse des prix n'entamait pas la demande physique d'or, traditionnellement très forte en cette période de l'année, notamment en Inde, qui a vu sa consommation d'or s'accélérer nettement cette semaine avant le début vendredi en Inde des célébrations de la fête traditionnelle des Lumières, Diwali. Le cours de l'argent s'est envolé, lui aussi soutenu par un dollar meilleur marché, franchissant pour la première fois le seuil des 25 dollars l'once jeudi, puis de 26 dollars vendredi, pour monter jusqu'à 26,90 dollars, un niveau sans précédent depuis mars 1980. "Face aux risques de la +guerre des devises+, de l'assouplissement monétaire et des incertitudes économiques, l'argent, cousin meilleur marché de l'or, devient de plus en plus une alternative viable pour les investisseurs", soulignent les économistes de IG Index. Profitant de son statut de métal précieux, l'argent bénéficie également de son utilisation dans l'industrie, qui en fait un "réservoir de valeur" apprécié expliquent-ils. A l'instar des autres métaux précieux, les platinoïdes ont vivement grimpé, le palladium ayant progressé jeudi jusqu'à 699,50 dollars l'once, un plus haut depuis avril 2001, tandis que l'once de platine atteignait le même jour 1.797,50 dollars, son plus fort niveau depuis juillet 2008. Selon le cabinet spécialisé Johnson Matthey, outre l'impact des mesures de la Fed, "le platine et le palladium ont gagné du terrain grâce aux chiffres positifs des ventes automobiles aux Etats-Unis, à leur plus haut niveau depuis un an en octobre". De leur côté, les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont grimpé de concert cette semaine à la faveur d'une baisse du dollar et de l'annonce d'injections de liquidités par la banque centrale américaine, le cuivre touchant même un nouveau plus haut depuis 2 ans. Les cours des métaux industriels ont été portés en fin de semaine par l'annonce mercredi par la Réserve fédérale américaine (Fed) de son intention d'injecter 600 milliards de dollars de plus en huit mois dans l'économie pour soutenir la reprise, par le biais de rachats supplémentaires d'obligations d'État à moyen et long terme. La décision de la Fed a "été interprétée, du point de vue du marché des métaux de base, comme un signe que la croissance économique aux États-Unis, et par conséquent la demande en matières premières, sera aidée par tous les moyens possibles", ont relevé les experts de Commerzbank. Ces injections de liquidités, qui auront pour effet de diluer la valeur du billet vert, pesaient sur la devise américaine, tombé jeudi face à l'euro à son niveau le plus faible depuis plus de neuf mois (1,4282$ pour un euro). L'affaiblissement du billet vert soutient les cours des métaux, car il rend plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises. Le CUIVRE, baromètre du marché, est monté vendredi jusqu'à 8.769$ la tonne, son niveau le plus haut depuis début juillet 2008, soutenu par des inquiétudes sur l'offre sur fond de mouvement social dans une mine au Chili, le plus gros producteur mondial de métal rouge. La mine géante chilienne de Collahuasi, qui produit environ 3% du cuivre mondial, était paralysée vendredi par le début d'une grève suite l'échec de négociations salariales. R.T.M.