"Le marché parallèle absorbe la majeure partie des liquidités " ! C'est là, l'avœu même du gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Laksaci face aux députés, qui reconnaît que "c'est une réalité, le marché parallèle influe sur la demande". Un aveu à la limite du puéril et qui résume un constat déjà établi par le citoyen lambda sans parler de l'inflation générée par une telle rétention de billets de banque. Quelle est donc la solution préconisée pour lutter contre le marché informel et la libre et excessive circulation des espèces? Si la masse monétaire circulant dans l'informel est inconnue, le taux d'inflation est quant à lui quantifié. Il est de 4,9 % au premier semestre de cette année. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, qui n'a pas omis de donner un aperçu sur la production de la monnaie fiduciaire qui n'a cessé d'augmenter ces dernières années, relève, cependant, la forte demande qui avait nécessité, selon le même responsable, des sorties répétitives d'argent. Jusqu'au mois de septembre 2010, la masse monétaire en circulation a atteint 237 milliards de dinars, alors que la production des billets de 1 000 dinars a augmenté de 87% en 2009, contre 4,2% pour les billets de 500 dinars et 7,9% pour les billets de 200 dinars. Cette guerre des chiffres ne suffira sûrement pas à atténuer de la tension qui a fait sortir de leurs gonds les citoyens d'abord et le DG d'Algérie Poste ensuite, mettant, hier matin, sur les ondes de la radio nationale, la Banque d'Algérie à l'indexe à propos de ce manque de liquidité qui met à mal son institution. Le DG d'Algérie poste fustige la banque d'algérie en disant que " S'il y a trop de liquidités à l'extérieur, il n'appartient pas à Algérie Poste de ramener ces liquidités dans les banques. Si l'argent sort et ne rentre pas, cela donne un déficit. C'est la Banque d'Algérie qui imprime les billets pas Algérie Poste. Nous n'avons jamais connu pareille situation. Si nous avions les liquidités, nous nous ferions un grand plaisir de servir nos clients ". Mais au delà de toute cette bagarre de chiffonniers, ce grand mal, qui ronge depuis bien des années la finance algérienne, discrédite les banques, influe directement sur l'inflation, et nécessite un grand remède. Quelle solution adopter à ce moment ? Le département de M. Djoudi en avance une, celle de la promulgation d'un décret. Ce dernier, par la voie de Mahmoud Khedri, ministre des Relations avec le parlement s'est engagé face aux députés de procéder à " un allègement de la tension ". M. Djoudi compte pour cela mettre en vigueur un " décret exécutif limitant un seuil de 500.000 DA " et imposer que " les paiements des transactions se feront à l'aide de documents bancaires (chèques transferts cartes) ". Cette obligation de recours à la monnaie scripturale pour tout paiement supérieur à 500 000 DA ne semble pas être le mécanisme idéal susceptible de changer de vieilles pratiques encouragées ça et là par les uns et les autres. L'imposition des chèques n'est pas un fait nouveau et remonte à quelques années déjà se confrontant au recours à l'argent en espèce. Une culture de règlement de toute transaction adoptée par le commun des algériens et qui s'est instaurée au fil des ans exprimant le manque de confiance mis dans les banques algériennes, un réflexe qu'il est difficile de combattre. Certaines douloureuses expériences passées ont marqué l'algérien qui préfère garder son argent bien au chaud sous le matelas. D'aucuns vous diront que les plus grandes transactions se sont réalisées en cash, notamment dans le cas de la vente et d'achat dans le marché de l'auto ou celui de l'immobilier et du foncier.