Barack Obama a défendu lundi la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine à l'occasion d'une visite en Inde, répondant à la Chine qui a intensifié ses critiques à trois jours du sommet du G20 à Séoul. L'ambition du sommet de jeudi et vendredi de trouver un terrain d'entente entre les 20 principales économies de la planète pour éviter une "guerre des monnaies" et les protectionnismes est mise à mal par le vif débat suscité par le nouveau programme d'assouplissement monétaire quantitatif (QE2) de 600 milliards de dollars annoncé mercredi dernier par la banque centrale américaine. "Le mandat de la Fed, de même que mon propre mandat, est de faire croître notre économie. Et ce n'est pas uniquement bon pour les Etats-Unis, mais également pour le monde entier", a déclaré le président des Etats-Unis. "Et la pire chose qui pourrait arriver à l'économie mondiale, pas seulement à la nôtre, c'est que nous nous retrouvions sans croissance ou avec une croissance très limitée." "Pour les Etats-Unis, émetteurs d'une monnaie de réserve, lancer une deuxième vague d'assouplissement quantitatif en ce moment, cela veut dire à notre avis qu'ils ne se montrent pas à la hauteur de leurs responsabilités concernant la stabilité des marchés mondiaux et ne pensent pas à l'impact des excès de liquidité sur les marchés émergents", a déclaré le vice-ministre des Finances Zhu Guangyao, lors d'un point de presse à Pékin. Plusieurs pays émergents d'Amérique latine et d'Asie ont également critiqué la décision de la Fed. Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a lui aussi critiqué lundi le nouveau programme d'assouplissement quantitatif de la Fed en soulignant le risque d'un afflux de capitaux vers les pays émergents. "Je ne pense pas que ce soit une bonne décision", a déclaré Jean-Claude Juncker. "On critique beaucoup la politique chinoise, mais, d'une façon différente, ils (les Etats-Unis) mènent exactement la même politique.' La Russie s'est jointe à ce concert en déclarant lundi que les membres du G20 auraient dû être consultés avant que la Fed ne prenne sa décision. "Le président russe va insister sur le fait que de telles décisions doivent être soumises à une consultation préliminaire des autres membres de l'économie mondiale", a déclaré Arkadi Dvorkovitch, un des "sherpas" russes pour le sommet du G20. La mesure de la Fed a suscité des craintes de tensions inflationnistes. Les pays émergents font valoir les risques d'un afflux de capitaux vers leurs économies. L'or, traditionnel refuge contre la montée des prix, a atteint un nouveau record lundi au-dessus de 1.398 dollars l'once. Le gouverneur adjoint de la Banque du Japon (BoJ) Hirohide Yamaguchi a déclaré lundi que la banque centrale était prête à renforcer son programme de rachats d'actifs de 5.000 milliards de yens (44,5 milliards d'euros) en cas de signes évidents de ralentissement économique. Pour Barack Obama, affaibli par la défaite du camp démocrate aux élections de mi-mandat, l'Inde est la première étape d'une tournée de dix jours en Asie, au cours de laquelle le chef de la Maison blanche se rendra entre autres en Indonésie et au Japon. Il sera à Séoul les 11 et 12 novembre pour le G20. Pour apaiser les tensions avant le sommet, les Etats-Unis ont déjà cédé sur la question d'un objectif chiffré plafonnant les excédents ou déficits des comptes courants, une idée rejetée par la Chine, l'Allemagne et le Japon notamment. Au cours du week-end, à l'occasion de la réunion des ministres des Finances de l'Apec, le Forum de coopération économique de l'Asie-Pacifique, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a déclaré que les Etats-Unis ne tenteraient pas de faire approuver cette proposition à Séoul. Le secrétaire au Trésor des Etats-Unis a également dit lundi que la Chine endossait le cadre adopté par le G20 pour rééquilibre l'économie mondiale et ajouté qu'il anticipait un consensus large à ce sujet lors du sommet de Séoul des 11 et 12 novembre. "Ce que nous avons proposé, c'est un cadre qui incorpore des indicateurs avancés de déficits ou d'excédents qui pourront ensuite être suivis", a-t-il déclaré, en marge de la visite du président américain Barack Obama en Inde. "Les taux de change entreraient dans ce cadre et ce cadre est important pour mettre un frein à la volatilité excessive des marchés financiers", a-t-il ajouté. Le secrétaire au Trésor américain a par ailleurs noté l'émergence de pressions inflationnistes dans les pays émergents. Il a également dit que la Chine avait tout intérêt à aller de l'avant rapidement pour ce qui concerne l'appréciation du yuan et ajouté que Pékin avait donné de premiers signes d'un relâchement du contrôle des capitaux.