Le pétrole brut léger américain a terminé en baisse de près de 3,5% vendredi sur le marché new-yorkais, revenant ainsi de son plus haut de 25 mois atteint la veille, sous le coup de la perspective de voir la Chine relever ses taux d'intérêt et des inquiétudes concernant la zone euro. Le contrat décembre a fini sur une perte de 2,93 dollars, soit 3,34%, à 84,88 dollars le baril . Au moment de la clôture du New York Mercantile Exchange, le Brent cédait 2,52 dollars (-2,84%) à 86,29 dollars. Avant le recul de ce vendredi, les cours du brut avaient bondi de près de 8% sur les deux semaines écoulées, à la faveur d'une demande record en octobre en Chine et d'un repli important des réserves de brut aux Etats-Unis. Sur la semaine qui vient de se terminer, le cours du brut léger américain accuse une baisse de 2,27% alors que la semaine précédente avait été marquée par les plus importants gains hebdomadaires depuis février. Les intervenants estiment donc que, de manière générale, le marché a été victime d'un mouvement de prises de bénéfices. Ils ont toutefois noté que les volumes des échanges sont restés modérés, les faisant croire que la liquidation des positions ne devrait pas prendre trop d'ampleur. L'indice composite de la Bourse de Shanghai a chuté de plus de 5% vendredi, soit sa plus vive baisse quotidienne depuis plus d'un an, après les rumeurs d'un nouveau resserrement monétaire en Chine. Les cours du baril, qui s'étaient envolés cette semaine à des niveaux plus vus depuis octobre 2008, "sont restés relativement stables jeudi alors que les investisseurs soupesaient l'appréciation du dollar", mais l'hésitation du marché s'est vite dissipée et "ce matin, l'humeur était résolument à la morosité", relevait David Hart, analyste de Westhouse Securities. Le marché souffre de "l'idée maintenant largement répandue que la Chine pourrait resserrer sa politique monétaire via un relèvement de ses taux d'intérêt", précisait de son côté Tamas Varga, de PVM Oil Associates. Cette perspective a été renforcée après la publication jeudi de l'indice des prix à la consommation: cet indicateur, principale jauge de l'inflation en Chine, a grimpé en octobre de 4,4% sur un an, à son plus haut niveau depuis septembre 2008. La banque centrale chinoise a également demandé à certaines banques d'augmenter encore leur taux de réserves obligatoires, en plus du relèvement déjà exigé cette semaine, selon la presse officielle. Ces indices laissaient craindre un impact négatif sur les prix des matières premières et sur la demande du pays, deuxième consommateur de brut dans le monde. Par ailleurs, le regain d'inquiétudes sur la solidité budgétaire des pays les plus endettés de la zone euro était de nature à exacerber encore un peu plus la nervosité du marché. "L'incertitude croissante sur la capacité de l'Irlande à rembourser sa dette et à redresser ses finances publiques incite les investisseurs à se départir des actifs risqués: en conséquence, le dollar (jugé plus sûr que l'euro, ndlr) se renforce et les marchés des matières premières reculent", explique Tamas Varga, de PVM Oil Associates. La monnaie unique européenne est tombée brièvement vendredi sous le seuil de 1,36 dollar pour la première fois depuis six semaines, avant de rebondir, mais restait toujours sous pression, face à des rumeurs, pourtant démenties par l'Irlande, selon lesquelles le pays avait demandé aux autorités européennes l'activation d'un plan de sauvetage. Dans ce contexte, les opérateurs ne faisant pas grand cas du relèvement par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) de sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2010 et 2011, que l'institution établit désormais à respectivement 87,3 et 88,5 millions de barils par jour. Selon l'AIE, la demande de la planète devrait augmenter de 2,3 millions de barils par jour cette année, et de 1,2 million de barils par jour l'année prochaine.