Il faut savoir que chaâbi signifie littéralement populaire. Il est considéré donc comme le genre le plus populaire en Algérie. Populaire ne veut pas dire apprécié par un très large public mais plutôt en opposition à la musique savante qui était El andalous un lyrisme destiné spécialement à l'élite. "En tant qu'auteur et compositeur, j'attache une grande importance à la teneur des textes. Le chaâbi reste une vraie musique populaire qui doit toujours être à l'écoute de ce que vivent les gens aujourd'hui, notamment à travers le quotidien", a déclaré le chanteur Kamel El-Harrachi à un quotidien marocain. Dans un entretien accordé au journal "Le Soir-échos", publié vendredi, suite à sa participation à la 13e édition de la foire méditerranéenne dans la ville de Manresa en Espagne où son concert a, selon le journal "enflammé" le public espagnol très réceptif, Kamel El-Harrachi a souligné qu'il "poursuivait le chemin de son père en proposant sa propre expression". Digne héritier de son père le célèbre Dahmane El-Harrachi, auteur du planétaire morceau "Ya Rayah", le chanteur a ajouté "je tente d'apporter un nouveau souffle au chaabi, même si je reste dans le même style en y introduisant d'autres instruments comme le piano, la contrebasse, les congas ou les banjos", avant de préciser que "tout spectacle chaâbi est marqué par sa couleur et sa tonalité". Le chanteur n'a pas manqué de faire remarquer que depuis son enfance il a été baigné dans l'univers musical et a toujours été entouré de musiciens au sein de sa famille. "J'ai tout appris aux côtés de mon père", a-t-il dit. Lors de ce festival où participaient des chanteurs et musiciens venus de divers horizons tels que la chanteuse palestinienne Rym Banna, l'espagnole Paloma Povedano, le joueur tunisien de Kanoun Dali Triki, l'italienne Franca Masu ainsi que des groupes de jazz et de Flamenco, le journal a constaté que Kamel El-Harrachi était "incontestablement la star avec son orchestre". A l'occasion de cette manifestation culturelle (4 -7 novembre) Kamel El-Harrachi a interprété son premier album "Ghana Fennou". Le chaâbi algérois, un genre à part.Le chaâbi mêle les instruments orientaux du classique arabo-andalou à d'autres venus de la musique classique occidentale. On y trouve la derbouka (percussion) et le tambourin (Tar), mais aussi le mandole (sorte de grosse mandoline aux sonorités de guitare, munie de quatre cordes doubles en métal), le violon et le banjo, sans oublier le quanoun. Les violonistes de la musique arabo-andalouse et du chaâbi utilisent toujours leur violon à la verticale. Quant au mandole, il a remplacé l'oud, le luth moyen-oriental. Il n'est pas rare d'entendre aussi le piano. En revanche, aucun instrument électrique n'est admis, hormis parfois le clavier (pour les quarts de ton). Les chants du chaâbi, portés par l'idiome algérois, se nourrissent de poésie ancienne mais aussi de textes originaux issus de thèmes actuels. Avec, toujours en toile de fond, l'écho du patrimoine, la plainte ancestrale, la nostalgie du pays.