Le développement de l'aquaculture est considéré par les pouvoirs publics comme le seul moyen susceptible de contribuer à développer la production halieutique en vue de garantir une couverture des besoins nationaux en la matière à moyen et long termes, sachant que l'Algérie produit une moyenne de pas plus de 220.000 tonnes de poisson/an. La stratégie nationale fixée pour l'aquaculture repose essentiellement sur l'extension et l'encouragement des opportunités d'investissement. Dans ce contexte, la première écloserie d'alevins en Algérie a été inaugurée, mercredi à Sétif, par le ministre de la Pêche et des ressources halieutiques, M. Abdellah Khenafou. Cette écloserie a été réalisée dans le cadre d'un partenariat avec un opérateur hongrois, sous la direction d'une équipe technique algérienne représentant plusieurs institutions spécialisées dans la recherche et le développement de l'aquaculture. L'écloserie mobile de Sétif, réalisée pour 40 millions de dinars en partenariat avec une société spécialisée hongroise, a donné lieu au lancement, le 29 juin 2010, d'une première opération de reproduction de carpes argentées, de carpes "grande bouche" et d'autres espèces, au moyen de 30 géniteurs importés de Hongrie. Près de 1,5 million de larves y ont déjà été produites par insémination artificielle. Cette réalisation, ainsi que celle devant être opérationnelle à Sidi Bel-Abbès, initiées dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie de développement de l'aquaculture, au titre d'investissements publics puisés du Fonds national de développement de la pêche et de l'aquaculture (FNDPA), vise la valorisation des ressources hydriques par la pisciculture à des fins socioéconomiques en développant la pêche au niveau des barrages et des sites naturels. Support de vie pour les poissons, ces volumes d'eau, ainsi valorisés, ont permis de développer la pêche continentale dans les barrages et de créer des activités nouvelles, génératrices de richesses, dans les zones rurales. Cette opération est d'autant plus importante, s'agissant de ses impacts socioéconomiques, qu'elle n'est pas confinée au plan géographique. En effet, la reproduction artificielle de carpes argentées permettra dans un premier temps, selon les services du ministère de la Pêche et des ressources halieutiques, d'ensemencer pas moins de 38 plans d'eau sélectionnés à travers le territoire national et concernera 22 wilayas. Ces projets d'écloseries mobiles ont par ailleurs fait l'objet d'une convention-cadre signée le 23 octobre 2002 entre le ministère de la Pêche et celui des Ressources en eau, au titre de laquelle, notamment, les barrages devant faire l'objet de repeuplement ont été sélectionnés avant l'ensemencement. Une sélection opérée selon la qualité des eaux dont les prélèvements et les analyses des échantillons sont effectués par l'Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH). Les services du ministère de la Pêche et des ressources halieutiques prévoient également, au regard de l'engouement que suscite cette activité auprès des promoteurs privés, la réalisation de centres de pêche à proximité des plans d'eau, au titre des programmes des hauts plateaux et du Fonds du Sud. Devant être constitués d'un débarcadère, d'une chambre froide, d'une fabrique à glace, d'un véhicule frigorifique et d'une halle de mareyage, ces centres de pêche permettront de sédentariser les promoteurs. Ces derniers contribueront à pérenniser et à contrôler l'activité de pêche continentale à travers une gestion judicieuse des plans d'eau, et à acheminer les produits de consommation dans les meilleures conditions d'hygiène. M. Khenafou a mis en exergue à l'occasion la croissance enregistrée dans ce secteur d'activité en Algérie, soulignant que la pêche continentale produit en Algérie un volume qui a décuplé entre 2009 et 2009, passant de 300 à 3.000 tonnes. Il a fait part, dans ce contexte, de "l'importance" des projets en cours de réalisation au titre du programme d'équipement financé par l'Etat, au moyen du programme des Hauts plateaux et du Fonds du Sud. Le schéma directeur de développement des activités de pêche et d'aquaculture à l'horizon 2025, adopté par le gouvernement le 16 octobre 2007, vise, a rappelé le ministre, à créer des unités de production sur 450 sites appropriés, correspondant à 5 pôles biogéographiques, en plus de la réalisation de centres de pêche continentale au niveau des différents plans d'eau. Rappelons que le Plan d'orientation du développement des activités halieutiques et d'aquaculture pour la période 2000-2025 vise à atteindre une production d'environ 221.000 tonnes pour la pêche maritime et 53.000 tonnes pour la pêche continentale à travers les différents projets d'aquaculture, rappelle-t-on. Notons enfin que selon le rapport Cyclope, l'aquaculture a dépassé la pêche sauvage comme ressource alimentaire pour l'homme. Selon le même rapport, le commerce des produits de la mer a dépassé les 100 milliards de dollars l'an dernier. Depuis vingt ans, les captures de poissons et crustacés restent stables, entre 85 et 90 millions de tonnes par an. 30% des prises étant destinées aux minoteries pour l'alimentation animale, il reste quelque 60 millions de tonnes de produits de la pêche pour l'alimentation humaine. Dans le même temps, l'aquaculture s'est à ce point développée qu'elle vient de dépasser les 65 millions de tonnes, d'après la FAO : désormais l'élevage des poissons, des crustacés et des mollusques nourrit davantage son homme que la pêche sauvage.