La réforme de la justice initiée depuis l'arrivée à la tête du pays du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, a comme principal objectif de redorer le blason d'un secteur longtemps décrié. Les insuffisances sont cernées par les spécialistes. Parmi les carences constatées, il y a les insuffisances professionnelles. Pour l'année 2006, le secteur de la justice a recensé 17 magistrats présentant ces insuffisances, a affirmé, hier, l'inspecteur général au ministère de la Justice, M. Ali Badaoui. Certes il n y a pas lieu de s'alarmer, d'autant que ce phénomène reste très réduit vu le nombre des magistrats exerçant, qui a atteint les 3200 juges en Algérie. Toutefois, il est indispensable que le secteur se penche sérieusement sur ce problème. Une coopération dans ce domaine, et qui touchera d'autres volets, est d'ailleurs prévue. C'est le souhait de l'inspecteur général des services judiciaires du ministère français de la Justice, M. Christian Rayssenguier, arrivé, hier, à Alger. Ce dernier a souligné que la France est également touchée par le phénomène de l'insuffisance professionnelle. "La lutte sur le plan disciplinaire des insuffisances professionnelles constatées récemment dans le rendement des magistrats est devenue un impératif", a estimé M. Rayssenguier lors du point de presse qu'il a animé en marge d'une conférence à la résidence des magistrats, ajoutant qu'il souhaite une coopération avec l'Algérie dans ce domaine. M. Christian qui a souligné que l'inspection générale des services judiciaires du ministère français de la Justice (l'IGSJ) a enregistré "peu de cas de manquement à l'éthique" matérialisés, selon lui, par un nombre de cas relevant "du trafic d'influence et d'impartialité", a affirmé que "l'IGSJ commence à traiter les insuffisances professionnelles sur le plan disciplinaire". Les missions principales de l'IGSJ consiste, selon M. Rayssenguier, en "l'évaluation du bon fonctionnement des juridictions et des services, la conduite d'enquêtes sur les attitudes des magistrats lors de l'exercice de leurs fonctions et une mission thématique inhérente à l'établissement d'études sur les reformes et les grands problèmes de société". L'inspection générale des services judicaires a un rôle important dans "le bon fonctionnement des juridictions et des services, que le ministre détient entre ses mains" a indiqué Christian Rayssenguier, soulignant que "l'inspection général établit des audits et des rapports nécessaires au ministre pour lui permettre de prendre les bonnes décisions". Il a également affirmé que "cette structure joue un rôle dans la cadre de la modernisation du système judiciaire", soutenant que "l'IGSJ doit s'ouvrir sur les autres secteurs, du moment qu'elle est appelée à développer une activité interministérielle". Au chapitre coopération, M. Christian a souligné qu'il existe une "volonté accrue" de coopération entre la France et l'Algérie dans le domaine judiciaire, soutenant que "sa visite en Algérie répond au soucis de réactiver les liens qui ont été suspendus pour des motifs de calendrier". Pour s'en convaincre, Christian Rayssenguier cite l'exemple de l'opération de jumelage des cours d'appel entre l'Algérie et la France. "Le jumelage de quatre cours d'appel entre l'Algérie et la France a bien fonctionné", a estimé le premier responsable de l'IGSJ de France, affirmant qu'"il existe une volonté des deux parties de développer cette expérience". La coopération entre les deux pays sera plus accrue durant les prochains mois. Christian Rayssenguier a déclaré qu'il compte soumettre à la partie algérienne certaines propositions notamment "la mise en œuvre de mécanismes de suivi technique de ces jumelages" et "recevoir très rapidement une équipe d'inspecteurs algériens" en France.