La corruption fait peser une menace sur le développement, la démocratie et la stabilité. Elle fausse les marchés, freine la croissance économique et décourage l'investissement privé. Elle met à rude épreuve les services publics et la confiance dans les représentants des Etats. Qui plus est, elle contribue à la dégradation de l'environnement et met en danger la santé publique en permettant le déversement illégal des déchets dangereux, ainsi que la fabrication et la distribution de médicaments de contrefaçon. La Convention des Nations unies contre la corruption a aidé le secteur privé à accomplir des progrès dans la lutte contre ce fléau. L'an dernier, les Etats parties de la Convention, qui sont à présent au nombre de 148, ont mis sur pied un mécanisme d'examen mutuel afin de déterminer les lacunes dans les législations et les pratiques nationales visant à lutter contre la corruption. Il s'agit là d'une avancée décisive qui peut aider les Etats à mettre fin au versement de pots-de-vin et au détriment de fonds publics. "Prévenir la corruption représente une bonne affaire. De plus en plus, les investisseurs ne prennent pas seulement en compte des considérations environnementales, sociales et politiques dans leurs décisions, mais aussi des critères d'éthique", a souligné ce 9 décembre le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à l'occasion de la Journée mondiale contre la corruption. Cette année, l'ONU a choisi de se concentrer sur la corruption dans le secteur privé et sur la promotion de la Convention de l'ONU contre la corruption, entrée en vigueur en 2005, ratifiée jusqu'à présent par 148 Etats membres, et qui prévoit une série de mesures pour prévenir et combattre la corruption dans les secteurs privé et public. " Le secteur privé joue un rôle clé dans la promotion du développement, mais il est à la traîne du secteur public dans ses efforts pour lutter contre la corruption ", a indiqué de son côté le Directeur de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) Yury Fedotov, avant d'exhorter le secteur privé à faire "un usage plus efficace de la Convention, l'instrument juridique le plus puissant à l'heure actuelle pour renforcer l'intégrité et lutter contre la corruption". Selon l'ONU, entre 20 et 40 milliards de dollars, soit entre 15 et 30% de l'aide publique au développement, sont détournés chaque année dans les pays bénéficiaires. Mais si la corruption est une menace au développement, dans la mesure où elle entrave la démocratie, menace la stabilité des Etats, érode les services publics et la confiance dans les fonctionnaires, elle a aussi un impact majeur sur l'économie en faussant les marchés, en décourageant les investissements étrangers et en freinant la croissance. Dans ce contexte, le secteur privé à tout intérêt à agir, pour que les économies nationales soient plus fortes et plus prospères. La Convention de l'ONU peut aider les entreprises à lutter contre la criminalité financière, dans la mesure où elle comprend des conseils et des recommandations au secteur privé, "pour qu'il devienne une partie de la solution plutôt que simplement une victime de la corruption". "Dans l'année écoulée, un certain nombre de pays ont renforcé l'application des lois anti-corruption, et nous avons vu des poursuites engagées contre des grandes entreprises multinationales, mais beaucoup de ces affaires ont abouti à des solutions négociées", a ajouté Yury Fedotov, avant de déplorer que les amendes de plusieurs milliards de dollars imposées à ces entreprises reviennent aux Etats dans lesquels elles ont été condamnées et non à ceux qui ont aussi été volés. "Les gens ordinaires sont les perdants. Nous devons combler ce déficit d'intégrité. J''encourage pour ça le Groupe de travail sur le recouvrement des avoirs volés à examiner cela ", a-t-il ajouté. La lutte contre la corruption fait aussi partie du Pacte mondial des Nations unies, initiative lancée en 1999 au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, par l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Il invite les entreprises à adopter, soutenir et appliquer dans leur sphère d'influence un ensemble de 10 valeurs fondamentales parmi lesquelles, la lutte contre la corruption. A aujourd'hui, la Convention de l'ONU et le Pacte mondial anti-corruption peuvent donc contribuer à la mise en place de politiques favorables à l'intégrité du secteur privé, d'autant que les entreprises sont de plus en plus souvent tenues de prouver qu'elles sont transparentes, responsables et fiables, et que les obstacles aux enquêtes sur des blanchiments d'argent ou des faits de corruption internationale tendent également à disparaître. Six personnes sur dix à travers le monde estiment que la corruption a augmenté au cours des trois dernières années comme le montre l'enquête de Transparency International auprès de plus de 91 000 personnes dans 86 pays. Selon le " Baromètre 2010 de la corruption mondiale ", publié à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la corruption, une personne sur quatre avoue avoir payé un pot-de-vin au cours de l'année écoulée.