L'implantation d'une usine de montage de véhicules Renault demeure hypothétique. Même si la question du foncier a été résolue, le constructeur français continue à poser des conditions auxquelles il serait difficile d'accéder. Le projet de l'usine Renault était longtemps resté en suspens à cause de l'exigence du constructeur français de disposer d'une assiette foncière en milieu urbain. Problématique qui a été réglée lors de la dernière visite de l'ex-Premier ministre français, Jean Pierre Raffarin, à Alger, avec l'annonce d'un partenariat entre Renault et la SNVI qui permettrait d'implanter la nouvelle usine dans la zone industrielle de Rouiba. Or, Renault commence à avoir les yeux plus gros que le ventre, puisqu'il exige, aujourd'hui, des autorités algériennes, l'interdiction d'importer des véhicules, ce qui équivaudrait à lui conférer une positon monopolistique sur le marché algérien. Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi a, en effet, indiqué, jeudi, en marge d'un séance plénière du Conseil de la nation, que ''la partie française a posé également certaines conditions qui ont trait notamment à la protection du marché national de l'automobile et à la suppression de l'importation de véhicules''. Possibilité que le ministre balaye d'un revers de la main estimant que les Français exigent "un certain nombre de garanties que nous ne pouvons pas leur donner, des garanties de protection du marché et qu'il y ait plus d'importation de véhicules, etc." Cette déclaration renseigne d'ailleurs sur les intentions du constructeur français en ce qui concerne les objectifs assignés au projet de l'usine algérienne. Il s'agit, en fait, de fabriquer une voiture sur mesure pour le marché algérien, à peine ! Avec un objectif de production de 75 000 véhicules par an pour un marché d'une capacité d'absorption de 200 000 véhicules, le calcul est vite fait. L'usine Renault qui se propose de ''livrer ses véhicules au marché algérien d'ici à 2012'' ne pourrait pas couvrir les besoins du marché. Pourquoi le constructeur insiste-il pour avoir le monopole ? La réponse est à rechercher dans les coûts de production de la voiture algérienne. Une quarantaine de concessionnaires commercialise déjà plusieurs modèles d'entrée de gamme qui ont suscité l'engouement des ménages algériens. Une question mérite d'être posée. Combien pourrait coûter une Renault algérienne ? d'autant que l'usine Renault Algérie ne tolère que 40 % de taux d'intégration, chose qui impactera forcément sur le coût de revient. Les autorités algériennes qui imposent déjà des mesures de protection du marché grâce aux taxes sur la vente de véhicules neufs importés et a interdit l'importation de véhicules de moins de 3 ans, entendent d'ailleurs exiger certaines conditions. Dans ce sens, M. Benmeradi a précisé que l'Algérie exige que "le projet ne soit pas uniquement une usine de montage, mais une véritable usine de fabrication de véhicules avec un taux d'intégration progressif, permettant à la sous-traitance algérienne de participer au projet"."Nous exigeons également, a-t-il dit, du partenaire étranger de s'engager avec nous financièrement dans l'investissement, et qu'il n'apporte pas uniquement sa marque et son label. Nous voulons qu'il s'implique". Il s'agit, en fait, de relancer tout le secteur des industries mécaniques. Aussi, le ministre a précisé que l'étude visant à relancer le secteur de la mécanique en Algérie est "pratiquement achevée".