Entendra-t-on, de nouveau, siffler le train chez nous ? Après près de deux décennies passées à bouder le train, tout semble indiquer que oui, l 'Algérie prend les chemins de fer et se réconcilie avec le rail. Longtemps délaissé, ce moyen de transport, pourtant adopté par tous les pays modernes, suscite l'intérêt des pouvoirs publics. L'Etat a prévu, pour le plan quinquennal 2010-2014, une enveloppe de près de 14 milliards d'euros afin de relancer la toile des chemins de fer et relier les villes entre elles. Se déplacer en train ne relève plus du réflexe des citoyens qui ont, depuis les années 1990, opté, en guise de moyens, de transport pour le bus ou le taxi avec tous les risques et l'inconfort qu'ils représentent, l'avion reste un luxe au-dessus des moyens. Une habitude, aussi, qu'ont perdu beaucoup d'Algériens à la suite de la défaillance du chemin de fer et son incapacité à répondre aux besoins des voyageurs. La tradition existait pourtant dans les années post-indépendance et qu'il va falloir réinculquer. La Sntf qui a transporté quelque 25 millions de voyageurs en 2009 compte atteindre l'objectif des 84 millions d'usagers d'ici à quelques années. L'entreprise qui a connu des affres financières a consenti près de 1,2 milliard d'euros d'investissement, notamment pour l'acquisition de nouvelles locomotives et la rénovation de son parc dont 250 locomotives. Par ces moyens, le département de M. Amar Tou, ministre des Transports compte relancer le train en Algérie et en faire le principal moyen de transport. Un programme visant à la création de nouvelles lignes ferroviaires et de modernisation de celles déjà existantes viendrait intensifier l'actuel maillage ferroviaire dont le réseau compte à peine quelque 3 500 km et portera ce dernier à 10 500 km. La plupart des lignes existantes sont restées inexploitées durant plusieurs années. Les causes sont multiples. En plus des fréquents retards, il s'agit aussi de l'inconfort des voitures, de la lenteur ou simplement de la surpression de lignes ainsi que de l'insécurité qui y régnait. A ce propos, d'énormes efforts ont été consentis tout comme la sécurisation du train et des gares. Ce projet permettra de tripler la consistance du réseau actuel. En 2010, plusieurs opérations ont été concrétisées dont la réouverture de lignes reliant le nord et le sud du pays. Sur ce chapitre, l'on peut compter les dessertes ferroviaires reliant Oran à Béchar sur 700 km, Biskra-Batna-Constantine sur 240 km, restées inexploitées durant des années et auxquelles viendrait s'ajouter la ligne ferroviaire reliant M'sila à Alger et qui sera, selon les déclarations de M. Tou " très prochainement remise en service " de cette ligne au moyen d'autorail et devenu réalisable après l'opération d'assainissement financier ainsi que de l'apport d'importants fonds financiers au profit de la Sntf. Selon l'APS, le programme attendu et qui prévoit près de 1 000 km de voies ferrées à réhabiliter dont une bonne partie a été réceptionnée en 2010 vient ainsi renforcer celui permettant la réalisation, entre 2005 et 2009, de plus d'un millier de kilomètres de voies ferrées et la relance du transport de voyageurs sur 600 km. L'imminence du lancement des travaux de la rocade des Hauts-Plateaux, annoncée par le ministre des Transports, permettront de relier la ville de Tébessa à Sidi Bel Abbès sur un parcours de 1 106 km. Ces travaux concernent aussi la pose des voies, l'électrification de l'ensemble du réseau ferroviaire ainsi que l'introduction d'une signalisation moderne. Ce vaste chantier permettra aussi de relier entre plusieurs villes telles que l'axe ferroviaire Guelma-Bouchegouf-Souk Ahras, Bouira-Sour El Ghozlane, ou Chlef-Ténès et Relizane-Mostaganem. L'Etat semble à la faveur d'importantes ressources financières engagées pour l'achèvement ou la mise en chantier de nouvelles infrastructures à l'horizon 2014, décidé à relancer ce moyen de transport, notamment par l'extension et la modernisation du réseau ferroviaire dans le nord et le sud du pays.