Dette, réchauffement climatique, sécurité alimentaire ou contestation: un climat d'impuissance aura plané sur la 41e édition du Forum de Davos, les décideurs mondiaux restant divisés sur les remèdes. "Notre ressource la plus rare est le temps", a dit le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sortant de sa réserve pour lancer un cri d'alarme: "Nous sommes à court de temps sur le changement climatique, l'énergie propre". Le Forum économique mondial (Wef), s'est achevé hier dans la station des Grisons. Sur le volet des crises, aucun des chantiers abordés à l'édition Davos 2010 n'a avancé. Les émergents asiatiques, Chine et Inde, ont illustré par leur forte présence le glissement du pouvoir économique mondial vers l'Asie. Les Chinois se sont montrés coopératifs en acceptant de contribuer dans le cadre du G20, que préside cette année le président français Nicolas Sarkozy, à un meilleur équilibre mondial des échanges et des investissements. Le ministre chinois du Commerce Chen Deming a ainsi promis une augmentation des importations chinoises dans le cadre de ce rééquilibrage tant attendu de l'économie mondiale. Davos a aussi été cette année l'occasion pour les Européens de prouver leur engagement en faveur de l'euro, "notre monnaie", a assuré la chancelière allemande Angela Merkel, au lendemain d'un engagement similaire du président Sarkozy à défendre l'euro. Les Européens semblent cependant toujours divisés sur les remèdes à apporter pour en finir avec la crise de la dette, qui a éclatée l'an dernier avec la Grèce et l'Irlande. Angela Merkel a surtout plaidé pour la rigueur, la discipline et la convergence économique et budgétaire, au lendemain d'un appel à la solidarité lancée par le Premier ministre grec George Papandreou, qui a surtout souligné combien la Grèce avait dans la douleur fait tout ce qui lui avait été demandé par ses partenaires et le Fonds monétaire international (FMI). Sur les thèmes du développement durable, des transferts de technologies, du climat, de l'énergie, de la sécurité alimentaire, de la régulation des cours des matières premières, notamment agricoles --que Nicolas Sarkozy a mis en tête de ses ambitions dans le cadre du G20-- les décideurs venus du monde entier ont paru n'avoir guère progressé tout au long des débats. Certes, constat a été fait que le mode de consommation sans limites du monde développé devait finir. Aussi, les dirigeants européens ont cherché cette semaine à Davos à convaincre que la zone euro avait franchi le cap de la crise, en dépit des inquiétudes qui persistent et des risques auxquels l'économie mondiale fait toujours face.L'euro a "franchi le cap" et la zone euro a désormais le pire de la crise de la dette derrière elle, a assuré samedi la ministre française des Finances Christine Lagarde, lors d'un des tout derniers débats organisés dans le cadre du Forum économique mondial (Wef)."Je ne m'attends pas à de nouveaux chocs, je pense que l'euro sera stable", a renchéri son homologue allemand Wolfgang Schaüble. La veille, la chancelière allemande Angela Merkel s'était montrée tout aussi déterminée à défendre "notre" monnaie, l'euro, 24 heures après le même engagement pris par le président français Nicolas Sarkozy. "Si l'euro devait échouer, alors l'Europe échouerait", avait-t-elle assuré. Nous n'en sommes plus là, a tenu à rassuré samedi le PDG de la banque britannique Barclays, Robert Diamond. "Je pense que la question de la force de l'Europe, la question de savoir si la zone euro allait éclater était une préoccupation de l'an dernier", a-t-il assuré. Mais la "volatilité sur les marchés" est toujours présente, a-t-il aussitôt averti. Wolfganf Schaüble et Christine Lagarde ont longuement insisté sur les mesures déjà prises pour sauver l'euro et celles qui le seront au printemps pour consolider le fonds d'aide créé l'an dernier au paroxysme de la crise grecque. "Nous voulons être ensemble, nous avons aidé ceux qui étaient en difficulté. Nous avons mis en place un fonds, et nous travaillons à l'affiner, à l'améliorer, et nous sommes certainement prêts à resserrer les rangs et à être ensemble" pour cette tâche, a-t-elle martelé. "Ne shortez pas l'Europe et ne shortez pas l'eurozone", a-t-elle lancé. L'expression "shorter", de l'anglais to short, est utilisée dans les salles de marché et signifie que vous pariez sur la baisse de tel ou tel avoir, comme l'euro par exemple. La volatilité des prix des matières premières, notamment agricoles, est aussi un sujet majeur de préoccupations, a relevé le président de la Banque mondiale Robert Zoellick, qui a préconisé à ce sujet une plus grande transparence sur les stocks. L'urgence d'une plus grande régulation financière, pourtant désignée priorité numéro un l'an dernier, a en revanche paru moins essentielle cette année à Davos. Robert Zoellick a un début de réponse. "Quelque soit la nouvelle régulation financière que vous mettrez en place, elle ne sera probablement pas adaptée à la prochaine crise", a affirmé sur ce point le président de la Banque mondiale, ancien dirigeant de Goldman Sachs. "Et, il y aura une autre crise", a-t-il prophétisé.