L'ampleur du trafic d'ivoire au niveau des régions de l'extrême nord-est du pays, n'a pas échappé aux services de sécurité. Des investigations sont menées depuis plusieurs mois par des enquêteurs de la Gendarmerie nationale, indique une source sécuritaire. Ces investigations sont menées avec la collaboration d'experts étrangers spécialisés en la matière. Les régions frontalières de l'extrême nord-est qui attirent des réseaux importants de contrebandiers, deviennent au fil du temps un carrefour de trafic de produits de tous genres. Le trafic d'ivoire a fait son apparition en Algérie depuis l'année 2006 dans le triangle Annaba-Guelma-El Tarf. La Gendarmerie nationale de Guelma a démantelé un important réseau international s'adonnant au trafic de ce produit. En moins de trois mois, plus d'une quinzaine de kilogrammes, surtout de l'ivoire brut, ont été saisis à la fois à Guelma dans la localité de Bensmih et sur l'axe de la RN20 reliant Guelma à Constantine. 14 individus, dont une femme, ont été arrêtés. Ils sont originaires de plusieurs wilayas de l'est du pays. Ils sont accusés de commerce illicite, infraction au code des douanes et à la Convention internationale sur les espèces menacées de la faune et de la flore. L'Algérie est, depuis 1989, signataire de cette Convention (CITES). Le cerveau de ce réseau est un sujet tunisien qui a été signalé à plusieurs reprises dans la région, notamment à Annaba. Il est toujours recherché. Selon les aveux de ses acolytes algériens, ce Tunisien circule avec une fausse identité et a réussi à faire passer plusieurs kilogrammes d'ivoire vers l'Europe. Il a des liens avec d'autres trafiquants de diverses nationalités. Ces derniers ont dirigé de loin toutes ces opérations de trafic d'ivoire et son acheminement de l'autre côté de la Méditerranée. L'année passée, les services de la Gendarmerie nationale ont arrêté une bande en possession de huit défenses d'éléphant. Une première dans notre pays qui montre toute la gravité de ce braconnage. Durant la même année, un coup de filet identique a été opéré par le même corps à Annaba. Il semble, selon les aveux des contrebandiers, que le kilogramme d'ivoire est estimé à plus de 650 DA. Son écoulement se fait auprès des laboratoires spécialisés dans la fabrication de prothèses et de dents. Il semblerait que les grandes quantités d'ivoire et les cornes des rhinocéros qui atterrissent sur le territoire algérien prennent le chemin des laboratoires européens des trafiquants de drogue pour en faire de l'héroïne. Selon certaines indiscrétions, ces quantités d'ivoire qui proviennent essentiellement du bassin du Congo, lequel est considéré comme le deuxième massif forestier du monde après l'Amazonie, sont acheminées vers l'Algérie par des circuits mafieux organisés à travers les frontières du Sud algérien ou à partir de la Tunisie et la Libye.