Le kilogramme d'ivoire brut est écoulé à plus de 650 000 DA sur le marché national, au profit particulièrement des laboratoires spécialisés dans la fabrication des prothèses et des dents. Selon des statistiques, 5 à 10% des 234 tonnes d'ivoire mises en circulation en 2006 sur le marché informel international ont transité par la région de l'extrême nord-est de l'Algérie, qui englobe les wilaya de Annaba, Guelma, Souk-Ahras et El-Tarf. C'est ce que révèlent des sources crédibles qui ajoutent que ces quantités, à destination de l'Europe, sont en provenance du bassin du Congo, considéré comme le deuxième massif forestier du monde après l'Amazonie, via la Tunisie, le Tchad et la Libye. Le triangle de Annaba-Guelma-El Tarf est devenu ainsi, estiment des observateurs, le nouveau carrefour par excellence des circuits mafieux organisés dans le trafic de l'ivoire, voire même des cornes de rhinocéros. L'année dernière, il a été enregistré, dans la wilaya de Guelma, trois prises spectaculaires opérées pour les seuls enquêteurs de la Gendarmerie nationale, avec en prime le démantèlement d'une partie d'un réseau international versé dans ce domaine et composé de 14 individus, dont une femme. Nos sources signalent, à ce sujet, qu'en l'espace de trois mois seulement, plus d'une quinzaine de kilogrammes, essentiellement d'ivoire brut, ont été saisis à Bensmih, une localité située à 15 km de Guelma à la limite de la wilaya de Souk-Ahras, à M'djez-Essaf et enfin sur la RN20 reliant Guelma à Constantine. Ces coups de filet ont permis aussi l'arrestation en flagrant délit de pas moins de 14 individus, originaires principalement des wilaya de l'est du pays, et écroués pour plusieurs chefs d'inculpation : commerce illicite, contrebande, infraction au code des douanes et à la convention du commerce international sur les espèces menacés de la faune et de la flore sauvage (Cites). Le cerveau de ce réseau, un Tunisien, selon les confessions de ses acolytes, au service d'un circuit mafieux international organisé, demeure toujours en fuite. Selon toujours les aveux des trafiquants incarcérés, d'importantes quantités, ayant transité par cette région, ont été acheminées vers l'autre rive de la Méditerranée. C'est durant l'année 2006 que le trafic d'ivoire a fait son apparition en Algérie, indiquent les enquêteurs. La première bande a été écrouée, à Ghardaïa, en possession de huit défenses d'éléphant, au début de la même année et par les mêmes services, précise-t-on. Un coup de filet pratiquement similaire a été également opéré par la gendarmerie de la wilaya de Annaba. En Algérie, le kilogramme d'ivoire brut est écoulé à plus de 650 000 DA, au profit particulièrement des laboratoires spécialisés dans la fabrication des prothèses et des dents, dit-on. Aux yeux des enquêteurs, ce “braconnage” est d'un genre nouveau en Algérie qui est signataire de la Convention du commerce international instituée en 1989. Autrement dit, “porter de l'ivoire est sanctionné par la loi”. Donc, ni le commerce et encore moins le transport ne sont autorisés dans le pays. Dans le but de mettre un terme aux agissements de ce réseau au niveau de cette contrée du pays, des sources proches des services de sécurité révèlent que des investigations en profondeur sont menées depuis plusieurs mois par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale en collaboration avec des organismes étrangers très compétents en la matière. B. BADIS