Le vice-président américain Dick Cheney, chef de fil des néoconservateurs, est au Moyen-Orient pour demander aux voisins de l'Irak de faire preuve de patience. Après une visite impromptue à Bagdad, où le moral de l'armée américaine est au plus bas et où le Pentagone éprouve des difficultés pour remplacer le commandement en place, il est en Arabie Saoudite, après une escale à Abou Dhabi. Puis, il se rendra aux Emirats arabes unis, en Egypte, en Jordanie et, à bord du porte-avions, John C. Stennis, dans le Golfe arabo-persique. Bush pense préserver le soutien de ces pays au travers de son proche collaborateur, voire son mentor, qui est en même temps le lobbyste le plus influent pour les affaires pétrolières américaines. Cheney, qui a connu de nombreux dirigeants de la région lorsqu'il était secrétaire à la Défense de George Bush père durant la première guerre du Golfe, a gardé le contact avec eux, une fois à la tête de l'entreprise de services pétroliers Halliburton. L'homme des intérêts pétroliers américains a certainement plus d'arguments à faire prévaloir que la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice dont la dernière tournée dans la région s'était achevée sur des malentendus. Certains dirigeants de la région se demandent si Mme Rice agit vraiment au nom du président Bush lorsqu'elle décide d'aller parler aux Syriens ou qu'elle accepte d'aller à une conférence qui inclut les Iraniens, souligne David Mack, de l'Institut américain du Moyen-Orient. La secrétaire d'Etat a participé à la conférence internationale sur l'Irak à Charm el Cheikh, en Egypte, à laquelle ont participé des représentants syriens et iraniens et, en marge de la réunion, elle s'était entretenue pendant une demi-heure avec le ministre syrien des Affaires étrangères. Durant sa tournée, Cheney devrait demander à Abdallah d'Arabie Saoudite, à Abdallah II de Jordanie et à Hosni Moubarak d'user de leur influence pour enrayer les violences communautaires en Irak en favorisant la participation de la minorité sunnite au processus politique en Irak et à coopérer avec Washington à limiter l'influence de l'Iran chiite dans la région. Washington est persuadé que la guerre entre sunnites et chiites en Irak est alimentée par le soutien de l'Arabie Saoudite, berceau du sunnisme, aux sunnites et celui de l'Iran à la majorité chiite. Le vice-président américain va surtout essayer de convaincre sur le renforcement de la présence militaire américaine décidée par Bush. Le département américain de la Défense a annoncé que plus de 35 000 soldats seraient prêts à se déployer en Irak dans cinq mois. D. Bouatta