Les cours du brut sont définitivement déconnectés des fondamentaux du marché. Les évènements en Libye poussent les prix vers le haut, tandis que le séisme ayant touché hier l'archipel nippon a plombé les marchés pétroliers. Une preuve encore que l'évolution des cours est calquée sur le pouls des traders et change selon leur humeur. Tout ceci au moment où l'organisation des pays exportateurs de pétrole réaffirme que la production actuelle couvre largement les besoins du marché. Dans ce contexte, le ministre de l'Eenrgie et des Mines qui intervenait, mercredi à Houston, chaîne de télévision américaine CNBC en marge de la Conférence sur l'énergie (CERA week 2011, a estimé que la hausse actuelle des cours de pétrole était due notamment à la spéculation des marchés et non pas à une pénurie de l'offre de brut. Et d'ajouter qu'il n'y a pas de pénurie physique de pétrole sur le marché aujourd'hui. Nous sommes en consultations avec de nombreux partenaires, avec les pays membres de l'Opep et d'autres opérateurs sur les marchés. Le consensus est qu'actuellement, il n'y a pas pénurie physique de pétrole sur les marchés''. Et s'il y avait une pénurie sur le marché, nous suivrons la situation de très près et je suis sûr que l'Opep prendrait des mesures", a-t-il expliqué, avant d'enchaîner sur le fait qu'"il y a peut-être certaines opérations de spéculation sur les marchés financiers qui poussent les prix à des niveaux élevés. Le ministre a signalé qu'une charte avait été signée il y a deux semaines à Ryadh, entre les pays producteurs et consommateurs de pétrole, afin de lutter contre la volatilité des prix et joindre leurs efforts pour apporter la stabilité au marché. A la question de savoir si l'Algérie a été sollicitée pour augmenter sa production, Yousfi a indiqué qu'il n'y avait aucune demande des clients de l'Algérie d'augmenter sa production ou ses exportations. Par ailleurs, il a fait savoir que les capacités de production en hydrocarbures de l'Algérie devraient augmenter en 2012. Concernant la capacité de production supplémentaire de l'Opep, il a indiqué qu'elle devrait se situer entre 5 et 6 millions de barils par jour. Les prix du pétrole chutaient de plus de 3 dollars hier à la mi-séance européenne, accentuant leurs pertes après un séisme dévastateur au Japon, qui pourrait avoir affecté des infrastructures de raffinage du pays, troisième consommateur de brut dans le monde. Vers 12H15 GMT (13H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 112,34 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 3,09 dollars par rapport à la clôture de jeudi. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance dégringolait de 2,90 dollars à 99,80 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il est tombé brièvement jusqu'à 99,01 dollars, son plus bas niveau depuis 10 jours. Les cours du baril se sont effondrés après le séisme d'une magnitude de 8,9 qui a touché le nord-est du Japon, le plus puissant jamais enregistré par l'archipel, déclenchant un tsunami de plusieurs mètres de haut sur les côtes du Pacifique. "Les marchés (européens) se sont réveillés avec cette catastrophe. Et très clairement, certains sites de raffinage (du Japon) ont été touchés", ce qui pourrait affecter les importations de brut du pays, a expliqué Olivier Jakob, analyste du cabinet suisse Petromatrix. Un vaste incendie s'est ainsi produit dans une raffinerie de la ville d'Iichihara, dans la région de Tokyo, selon la télévision japonaise, "mais à ce stade, il est encore difficile de déterminer avec précision quelles seront les implications pour les marchés pétroliers", relevait l'analyste. Le Japon est, après les Etats-Unis et la Chine, le troisième consommateur de pétrole dans le monde. La fermeture de quatre centrales nucléaires après le séisme, "si elle est prolongée, pourrait se traduire par une plus grande demande de fioul par le pays, mais il y a aussi l'impact économique général à prendre en compte", poursuivait Jakob. Toutefois, "la poursuite des troubles en Afrique du Nord et au Moyen-Orient devrait empêcher les prix de chuter encore beaucoup plus", tempéraient-ils. La production libyenne de pétrole a chuté d'environ 1,4 million de barils par jour depuis le début de la révolte contre le colonel Kadhafi, tombant à "20 000 ou 300 000 barils par jour", a estimé vendredi le PDG du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie.