Héctor Michel Mujica Ricardo* Dans ce sens, une politique subordonnée aux besoins d'une économie de marché ne peut être qualifiée de démocratique mais de libérale. Le fait que l'exercice de la politique en démocratie requièrt un personnel qualifié en qualité de fonctionnaires qui l'exercent en échange d'une rétribution matérielle ou en argent, n'est un secret pour personne. D'une manière générale, l'organisation de la démocratie possède dans ses entrailles les conditions de sa bureaucratisation progressive et de son éloignement des demandes et des besoins citoyens : l'exercice routinier du pouvoir par des fonctionnaires payés pour cela. Ainsi, donc, les démocraties modernes se transformeront en une seule cause qui les maintienne l'exercice du pouvoir. Il est clair que l'idée développée dans le paragraphe peut s'avérer une notion instrumentale de la démocratie, mais elle n'est pas comme ça, justement, contrecarrer cette tendance à la bureaucratisation se trouve dans les tâches spécifiques du processus qui est en train de se vivre au Venezuela. William E. Izarra, militaire à la retraite et compagnon des luttes de Chávez, écrit en janvier 2003, en pleine grève pétrolière, quelques propositions plausibles pour effectuer un changement profond de type pluriel et considère trois tâches prioritaires, bien que ses idées ne sont pas majoritaires dans le domaine de l'économie sociale, des tendances se dessinent au sein du processus politique actuel qui méritent d'être mises en exergue : "La première… se résume à travers l'application de (i) la Constitution Nationale et (ii) l'accueil de ce que nous appellerons les éléments politiques originaux. Il y a lieu de dire, (a) l'Agenda Alternatif Bolivarien, (b) le gouvernement se transforme en instrument du peuple et (c) la consolidation du pouvoir constituant. La première macro tâche qui nous oblige à sauver la méthode en aval comme moyen collectif pour les décisions transcendantes de la vie publique. Par ailleurs, c'est la méthode qui rend implicite aussi bien la force d'esprit collectif que l'horizontalité dans l'exercice du pouvoir. Une macro tâche qui nous conduit à tomber sur les organisations sociales des secteurs populaires et de la classe moyenne. Ce même secteur que nous voyons réuni à plusieurs reprises demandant le départ à Chávez. C'est un secteur qui peut être sauvé si les projets sociaux lui sont offerts afin qu'ils soient dirigés par eux mêmes… La seconde macro tâche constitue à continuer de gérer la construction d'une Plateforme Unitaire. La macro tâche exige l'habilitation d'une Coordination qui connecte tous les facteurs entre eux appuyant le 'processus' afin de : (i) créer la force pour résister au sabotage pétrolier et soutenir les mesures du gouvernement, (ii) élaborer un plan d'organisation régionale et locale et (iii) se préparer pour participer au prochain événement électoral qui passe…par l'élaboration de quatre (4) plans opérationnels : (a) le plan de gouvernement régional, étroitement lié à la première macro tâche ; (b) le plan de formation politique qui inclut l'éthique et la morale pour gouverner avec honneur et honnêteté ; (c) le plan logistique pour s'autogérer et (d) le plan de diffusion et de propagande, afin de semer la conscience dans le collectif." (1)- lest nécessaire de souligner que la démocratie vénézuélienne comme beaucoup de démocraties latino-américaines ne peut pas être comparée avec les démocraties européennes ou l'états-unienne dans toutes ses variations nationales, culturelles, sociales et étatiques. Les particularités politiques résultent ou sont le fruit d'un long processus historique et les seules hypothèses à caractère universel qui peuvent être comparées sont celles de la démocratie formelle. Cependant, le fait de reconnaître les composantes réelles des démocraties latino-américaines et leurs diversités nous aidera à comprendre et à analyser les différences. Dans le cas vénézuélien, les acteurs sociaux présents dans la confrontation politique exigent une représentation conceptuelle qui permet de penser l'irruption et l'organisation des secteurs populaires dans la sphère publique à travers des institutions inédites et la mobilisation politique des classes moyennes.
une démocratie collective dans ses origines Le deuxième élément, est la présence d'une sphère publique dominée par une nouvelle Constitution qui garantit la participation citoyenne et le dernier élément, est la présence conflictuelle d'un Etat qui se trouve ancré dans le passé et qui a besoin d'un effort réel pour le moderniser et permettre d'une manière fluide, des relations distinctes entre les citoyens organisés ou non avec les fonctionnaires étatiques. 7 Cela dit, il est important de rappeler que la société réelle est la société qui construit réellement les hommes dans des situations historiques et sociales déterminées. Dans ce sens, l'actuel processus politique vénézuélien a une composante assez significative qui peut passer plusieurs fois inaperçue et être appuyée encore une fois comme ce qui a été dit au début : le processus politique est fondé sur un processus constituant, la voie la plus démocratique pour mener à bien toute réforme profonde dans le système sociopolitique d'une nation. Une Assemblée Nationale Constituante a été démocratiquement élue et a pris session au cours de l'année 1999. Le peuple vénézuélien a majoritairement voté en faveur de la Constitution en décembre de cette année et a permis la possibilité effective pour participer à la formation et à l'institutionnalisation de la loi fondamentale (même quand les propres préférences n'ont pas prévalu) et puisque la Constitution est nécessairement universelle dans son contenu, dans une démocratie comme la vénézuélienne, elle est collective dans ses origines, et c'est de là qu'émane la condition de participation des citoyens.8 La participation populaire est organisée autour du processus constituant et assume une forme juridique dans la Constitution de 1999 qu'offre la restructuration du système politique vénézuélien. 9 Ce processus produit plusieurs dynamiques, il y a des réseaux populaires partout, dans les domaines culturels, il existe des organisations environnementales, dans les syndicats. Les Cercles Bolivariens se sont multipliés au long du pays, ils naissent du même processus et se sont regroupés par secteurs sociaux. Parmi eux, on trouve des militants des partis politiques qui appuient le processus, mais les citoyens sans affiliation partisane constituent la grande majorité. Le travail de ces organisations de base est réalisé fondamentalement et non exclusivement dans les quartiers populaires des différentes villes au Venezuela dont certains se trouvent à l'extérieur. Les tâches assumées par ces organisations de participation citoyenne sont les plus variées : travaux communautaires, information sur les sujets locaux, attention aux personnes âgées, protection de l'environnement, participation dans les unités basiques des pouvoirs locaux, renforcement des mécanismes de décentralisation politique, par exemple, dans les paroisses et dans les quartiers. Contribuer également à la sécurité citoyenne et à l'ordre public. Bien qu'ils soient reconnus par le gouvernement, les cercles bolivariens doivent chercher leurs propres sources de revenu. Ce sont des formes d'organisation autonomes et populaires où se pratique un mode particulier de coexistence, principalement à partir des structures politiques, culturelles et économiques pratiquées dans les quartiers. Quant à la constitution, la nature et les objectifs des Cercles Bolivariens, ils se caractérisent comme suit : les Cercles Bolivariens, sont des groupes organisés, formés par les citoyens dans un nombre variable pouvant osciller entre sept (7) à onze (11) personnes, qui se réunissent pour discuter des problèmes de leur communauté et les canaliser à travers l'organisme compétent, pour trouver une solution rapide, en se basant sur ce qui a été consacré dans la Constitution Nationale de la République Bolivarienne du Venezuela. Les Cercles Bolivariens doivent parmi d'autres objectifs, divulguer les idéaux du Libérateur Simón Bolívar, ainsi que ceux de son maître SimónRodríguezetde Ezequiel Zamora. Tout citoyen peut participer, peu importe son sexe, sa nationalité, sa race, sa religion, sa couleur, son état civil, sa profession ou son occupation. Ils œuvrent dans différents domaines : santé, sécurité, éducation, transport, maintien des rues, assainissement urbain, enfance abandonnée, environnement, justice, jusqu'à couvrir tous les problèmes qui affectent leur communauté et se constituent en réseaux plus étendus afin de mener à bien les tâches et les améliorations de la vie en communauté. role des cercles bolivariens A travers les Cercles Bolivariens, la communauté pourra aussi promouvoir, encourager, stimuler et élever la culture, la science et le sport ou d'autres activités en faveur du développement. Tout de même, on ne possède pas de chiffres totalement fiables sur leur nombre. Pour décembre 2001, près de 20.000 cercles étaient formés dans tout le pays.10 En ce qui concerne le processus de décentralisation politique et administrative ainsi que son approfondissement, les pouvoirs locaux deviendraient -parmi d'autres organisations de base- une partie des nouveaux sujets de décentralisation que la loi envisage dans le but de garantir en principe la coresponsabilité dans la gestion publique des gouvernements locaux et étatiques, en plus de forger une culture de service public. D'autre part, ils établiront des mécanismes de communication, d'information et de coordination entre leurs membres ; entre eux et les communautés organisées et s'articuleront avec l'organisme central d'organisation. a suivre.. * Ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela auprès de la République Algérienne Démocratique et Populaire et de la République Arabe Sahraoui Démocratique Sociologue et professeur universitaire (1)" Recommandations ". William E. Izarra, 11 janvier 2003, www.