La Banque centrale européenne met la dernière main à une nouvelle facilité de crédit visant à donner de la liquidité aux banques de la zone euro, notamment aux banques irlandaises en difficulté, apprend-on de source de la BCE. Ce plan, conçu à l'origine "sur mesure" pour l'Irlande, devrait être annoncé la semaine prochaine pour coïncider avec le résultat de nouveaux stress tests sur les banques irlandaises, a-t-on expliqué samedi sous le sceau de l'anonymat. Les résultats sont attendus le 31 mars. "Cela remplacera l'ELA (Emergency Liquidity Assistance) fournie actuellement par la banque centrale irlandaise", explique-t-on. "Ce sera sans doute semblable au SMP (le programme de rachat d'obligations de la BCE, NDLR) dans la mesure où il ne comportera pas de délai Si on avait mis une date-butoir de cinq ou dix ans, les personnes concernées aurait pu être tentées d'ignorer le problème jusqu'à l'approche de la date butoir." Bien que conçu pour les banques irlandaises, ce schéma sera disponible pour l'ensemble des établissements de la zone euro. Il sera sous le contrôle du conseil des gouverneurs de la BCE. Les modalités des prêts octroyés seront fixées au cas par cas. Le plan de sauvetage mis au point l'an dernier par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) n'a pas réussi à résoudre la crise bancaire irlandaise. Les banques du pays, confrontées à des fermetures de comptes et au refus des autres banques de leur prêter de l'argent, restent dépendantes de la banque centrale pour leur opérations au quotidien. L'encours des prêts octroyés par la BCE et la banque centrale irlandaise aux six banques du pays était estimé à 150 milliards d'euros fin février. Le nouveau gouvernement irlandais, élu pour renégocier le plan de sauvetage UE/FMI, est en discussion avec la BCE depuis plusieurs semaines sur un financement de moyen terme pour les six banques. A côté d'une recapitalisation der banques, le gouvernement irlandais veut imposer à certains détenteurs d'obligations émises par les banques irlandaises de prendre leur part des pertes, a indiqué dimanche le ministre irlandais de l'Agriculture, Simon Coveney. Les analystes interrogés par Reuters s'attendent à ce que les stress tests, prévus par le plan de sauvetage UE/FMI, montrent que Bank of Ireland (BKIR.I: Cotation), Allied Irish Banks (ALBK.I: Cotation), Irish Life & Permanent (IPM.I: Cotation) et EBS Building Society [EBSBS.UL] aient besoin d'environ 25 milliards d'euros. Le plan de sauvetage EU/FMI a mis de côté 35 milliards d'euros pour les banques irlandaises. Selon le quotidien The Irish Independent de samedi, Allied Irish Banks, nationalisée de fait, pourrait avoir besoin de plus de dix milliards d'euros, Bank of Ireland (BKIR.I: Cotation) de moins de cinq milliards d'euros et Irish Life & Permanent (IPM.I: Cotation) et EBS Building Society [EBSBS.UL] de moins de dix milliards. Les crédits accordés au secteur privé dans la zone euro ont progressé de 2,6% en février sur un an, après une hausse de 2,4% en janvier, a annoncé vendredi un porte-parole de la Banque centrale européenne (BCE). Après un mieux de 0,5% en janvier, un chiffre révisé à la hausse, les crédits aux entreprises ont augmenté de 0,6% en février. Auparavant, cet indicateur avait été en recul pendant de nombreux mois. Les crédits aux particuliers ont affiché une progression de 3% contre 3,1% en janvier. Ces chiffres "montrent que les crédits au secteur privé continuent leur hausse progressive dans la zone euro (...). Les banques accordent davantage de crédits aux entreprises comme aux ménages", note Holger Schmiedling, de Berenberg. Pour Marco Valli, économiste en chef chez UniCredit, "la confirmation d'une reprise modérée mais soutenue des crédits est l'une des principales raisons de la volonté de la BCE de normaliser ses taux d'intérêt bientôt". "L'indice PMI publié hier et l'Ifo allemand aujourd'hui montrent que la zone euro gère remarquablement bien le choc pétrolier et la crise de la dette. Seule une perturbation majeure des marchés financiers au cours des prochains jours pourrait convaincre la BCE de ne pas ouvrir le feu en avril", poursuit-il. Le taux d'intérêt directeur de la BCE est fixé à 1%, son plus bas niveau historique, depuis mai 2009. Le président de la BCE Jean-Claude Trichet avait suggéré début mars une augmentation lors de la prochaine réunion des gouverneurs sur les taux le 7 avril. Howard Archer, de Global Insight, nuance toutefois les propos de ses confrères jugeant la hausse des crédits enregistrée "modérément encourageante sur la capacité et la volonté des banques de fournir les liquidités nécessaires pour soutenir l'activité économique", en particulier dans les pays les plus en difficulté. "Le fait que la BCE ait choisi de poursuivre ses mesures d'urgence de liquidités (en faveur des banques) jusqu'en juillet au moins (...) en est l'illustration", juge-t-il.