Dans la foulée de raffermissement des prix qui s'étend à l'ensemble des produits de base et devises internationales, les cours du pétrole se maintiennent à un niveau relativement élevé comparativement à la conjoncture de l'année précédente. En effet, si, durant la même période de l'année 2010, les cours du brut se négociaient dans la fourchette des 60-65 dollars, cette année, en ce début de saison des chaleurs, le prix du baril est passé du simple au double en se situant actuellement entre 110 et 120 dollars. Pour ce qui est de la journée d'hier mardi, à l'ouverture des marchés, les matières premières font une pause à la veille de la décision de la Réserve fédérale (FED) sur ses taux d'intérêt. Le baril de pétrole brut léger américain WTI revient à 111,50 dollars (-0,7%) en Asie, après avoir touché la veille son plus haut niveau depuis 2008, à plus de 113 dollars. Le Brent s'inscrit juste en dessous des 123 dollars le baril, à 122,90USD. De son côté, l'or est revenu sous 1 500 USD l'once, à 1496,30USD (-0,9%), après avoir franchi la barre des 1 520USD. Sur le marché pétrolier, les investisseurs digèrent une déclaration du patron d'Aramco, la compagnie pétrolière de l'Etat saoudien, premier producteur et exportateur mondial de pétrole. Lors d'une réunion de l'industrie pétrolière organisée à Séoul, le directeur général d'Aramco, Khalid al-Falih, s'est ainsi inquiété pour la première fois publiquement des prix du brut actuels : " Nous ne sommes pas confortables avec les niveaux actuels des cours du pétrole. Je suis inquiet de leur impact possible sur l'économie mondiale ", a avoué le premier responsable de la compagnie pétrolière saoudienne. Les cours du pétrole ont bondi de 3% en une semaine et de 22% depuis le 1er janvier, sur fond d'aggravation des crises au Moyen-Orient (Libye, Syrie et Yémen) et après l'annonce, mercredi dernier, d'une baisse inattendue des stocks de brut américains. Enfin, les prises de bénéfices sur l'Euro ont été déclenchées par une déclaration de Jean-Claude Trichet, jeudi dernier, avant la pause des marchés pour le week-end pascal. Sur 'BFM', le président de la BCE a prôné un dollar fort, qui serait "dans l'intérêt de tous", et s'est dit confiant dans la capacité des Etats-Unis à redresser leurs finances publiques. Rappelons que l'Euro avait flambé d'environ 2% depuis le 18 avril dernier, date de la mise sous perspective négative de la dette américaine par Standard and Poor's. Par ailleurs, aux Etats-Unis d'Amérique, le débat est concentré actuellement sur les subventions à attribuer aux compagnies pétrolières. En effet, le républicain John Boehner, président de la Chambre des représentants, estime que le Congrès des Etats-Unis ferait bien de s'intéresser aux subventions de plusieurs milliards de dollars accordées aux compagnies pétrolières alors que flambent les prix de l'essence. " C'est effectivement une chose que nous devrions étudier ", a déclaré John Boehner, dans un entretien à la chaîne de télévision ABC News. " Le gouvernement est à court de recettes. Elles (les compagnies pétrolières) doivent payer leur juste part. Tout le monde en a après les compagnies pétrolières et franchement, elles sont responsables d'une partie de ce qui se passe ". Les propos de John Boehner, un républicain de l'Ohio, font écho aux propos du président démocrate Barack Obama, qui vient de demande au Congrès d'abroger pour 3,6 milliards de dollars de subventions aux secteurs du pétrole, du gaz naturel et du charbon, ce qui représenterait 46,2 milliards de dollars sur dix ans. Ces sommes serviraient à financer des projets dans le domaine des énergies propres. Les commentaires de John Boehner vont toutefois à l'encontre de l'orthodoxie républicaine. Le parti est le soutien traditionnel de l'industrie des hydrocarbures. Ses élus rejettent en général toutes les propositions visant à augmenter le coût de la production d'énergie aux Etats-Unis. Les soulèvements populaires dans le pays arabes ont fait monter les cours du pétrole au-dessus de 110 dollars. Le prix de l'essence à la pompe aux Etats-Unis a atteint 3,88 dollars (2,66 euros) le gallon (3,8 litres), soit 70 centimes d'euros le litre, la semaine dernière, soit son plus haut niveau depuis l'été 2008, selon les chiffres publiés lundi par le département de l'Energie. Les prix avaient alors atteint 4,11 dollars le galon. Prié de dire qui les Américains devraient blâmer pour les prix élevés de l'essence, John Boehner a montré du doigt Barack Obama. Le président ne sera pas réélu si les prix du gaz sont à "cinq ou six dollars" le gallon, a-t-il estimé.