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Son épouse signe "Lorsque la malveillance tue l'amour"
17 années après le tragique assassinat de cheb Hasni
Publié dans Le Maghreb le 04 - 05 - 2011


Il n'existe presque rien sur l'une des icônes du raï love, Cheb Hasni, tragiquement assassiné le 29 septembre 1994 à 11h55, à l'angle de la rue où il vivait, dans le quartier de Gambetta à Oran. 17 ans après son trépas qui a choqué beaucoup de ses admirateurs, son épouse, Malika, qui a longtemps contesté la gestion de ses droits par les institutions publiques, pirates et exploitants, décide de sortir un ouvrage sur la vie et la carrière de son époux. "Lorsque la malveillance tue l'amour", serait le titre selon un de nos confrères qui a donné l'information, de cet ouvrage inédit et riche en information. L'auteur y mettra d'ailleurs, les passions de son époux qui affectionnait très fort le football, ses rapports avec sa famille notamment son grand frère qui l'a particulièrement aidé, ses proches, son quartier populaire de Gambetta où il a vécu….bref tout ce qui a entouré sa jeunesse, puis son ascension fulgurante mais brève dans le monde lyrique, qui à l'époque était une réelle soupape de sécurité pour un pays versé dans le conservatisme séculaire des musiques monocordes. Evénement éditorial, événement artistique, est ce prochain livre, parce que d'abord c'est une première, ensuite il est toujours intéressant de connaître de plus près une star du raï qui représente une époque charnière de l'histoire de l'Algérie qui a basculé, quelques temps après son indépendance dans le terrorisme aveugle. Beaucoup ont d'ailleurs rêvé de faire un film, un documentaire, ou carrément un livre sur la vie de Hasni, ils s'y sont essayé pas sans suite. Mohamed Chouikh a tenté, il y a quelques années à faire, le précurseur du raï love, mais sans succès. "Pour faire un film sur l'icône des jeunes, il faut énormément d'informations, d'anecdotes et bien sûr d'authenticité. " disait l'épouse Chouikh Mina. Mais là, les deux cinéastes sont sur tout autre chose, "l'Andalou " un long métrage sur la chute de Grenade, tourné ici et en Espagne, et qui devrait être visible d'ici la fin de l'année. Mourad Senouci, un de nos réalisateurs pas très connu s'y est essayé. Il a annoncé d'ailleurs qu'un hommage sera rendu au regretté Cheb Hasni avec la projection de "100 % Hasni", un documentaire qu'il a signé et qu'il comptait projeter à l'occasion de la célébration du 16ème anniversaire de son décès au Centre culturel algérien à Paris (CCA) que dirige l'écrivain Yasmina Khadra. C'était l'an dernier, et personne du moins ici à Alger, n'a vu ce film. Dans ce documentaire qu'on présentait comme inédit, Mourad Senouci devait proposer quarante minutes d'images et d'interviews du raï lover. L'avant-première de ce moyen-métrage, n'était pas prévue dans la ville natale du défunt mais dans la capitale française. "Il s'agit d'un documentaire dont le montage avait dû être reporté en raison du décès du chanteur", a indiqué Mourad Senouci en précisant, que les prises de vue remontent à 1993 et 1994. De l'authentique donc, sauf si des surprises il y aura du côté du montage. De son vrai nom Hasni Chakroun, le Rossignol du Raï est né à Oran le 1er février 1968. Avec ses parents, il habitait le quartier "Gambetta" d'Oran, mais sa famille est originaire de la wilaya de Mascara. De parents modestes, il était le fils d'un soudeur père de sept enfants. La futur star du raï a quasiment toujours chanté, si l'on en croit ses déclarations au journal Libération, en 1992, reprises dans l'ouvrage "L'aventure du raï - Musique et société", co-écrit par Bouziane Daoudi et Hadj Miliani (Ed. du Seuil) : "Môme, on me connaissait dans le quartier parce que j'avais le gosier toujours déployé, le cartable jeté au loin". Le rossignol s'est d'abord exercé au chant au sein d'une chorale communale. Peu intéressé par l'école (qu'il désertait souvent au grand dam de ses parents qui voulaient en faire un médecin ou un avocat). Au départ, cheb Hasni rêvait d'être footballeur. Son court passage dans une équipe de deuxième division ne l'incite pas à aller plus loin, alors, il se tourne vers une autre passion, la musique. Les débuts d'une star C'est au cours d'une soirée animée par l'orchestre de cheb Kada, où il a chanté el Marsem (le refuge, la même chanson qui a révélé cheb Mami, qu'il se fait remarquer par un producteur. Après plusieurs tours de piste (à partir de 1984) dans les fêtes de mariage, parcours inévitable pour tous les candidats à la vocalise, Hasni, pris en charge par Hafsi sid-Ahmed des éditions Saâda, grave enfin sa première k7. Son mentor lui offre comme partenaire, un vrai cadeau, avait-il coutume de dire, zahouania. En 1992, en réponse a de tenaces rumeurs qui avaient annoncé sa disparition, Hasni enregistre gualou Hasni met (ils disent que Hasni est mort) un titre hélas prémonitoire (présent dans cette compilation):vous m'avez tué alors que je suis vivant /vous m'avez même accompagné jusqu'à la tombe/ce n'est que paroles, rumeurs malveillantes/les gens vont et viennent devant chez moi/s'exclamant :est-ce vrai que Hasni est mort?/quelle foule d'admirateurs et surtout quelles nanas/et mes ennemis ne dissimulant pas leur joie/allant jusqu'à fêter ma mort. Deux ans plus tard, un 29 septembre 1994, l'auteur de ces propos poignants était abattu devant le domicile de ses parents. Dès lors, Hasni, très prolifique (plus d'une centaine de cassettes à son actif), s'impose comme la plus grande star du raï, adulé par la jeunesse friande de ses ballades dédiées à tous les malheureux et les malheureuses. Le raï du fils de soudeur est révélateur d'un néo-romantisme, sans doute moins choquant que celui de ses aînés, mais tout aussi percutant. Empruntant au raï, répliquant quelques plans de la variété occidentale (Julio Iglesias, pierre Bachelet) ou orientale (Farid El Atrache,), truffant ses chansons d'expressions françaises et usant d'une raï-attitude transgressive, cheb Hasni avait su conquérir (et devancer les aspirations et les désirs souvent inavoués) d'un public avide d'évasion et d'affection. En dépit de son statut, qui lui avait valu d'être approché par des islamistes qui lui avaient proposé un poste de muezzin, malgré les menaces dont il fit l'objet par la suite, Hasni avait toujours refusé l'exil doré. Très sollicité par les organisateurs de concerts (il a arpenté bien des scènes mondiales), il retournait régulièrement à Oran après un détour par Perpignan où vit son fils Abdallah. On aurait tort de ranger ses chansons dans la rubrique bleuette. Anodin en surface, son raï love traduisant dans le fond un réel malaise, celui des jeunes de son pays. Alors Hasni, était-il un écorché vif ? Yasmine Ben

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